Oui, cette année, Ô Grimoire s’absente pour tout le mois d’août. Nous vous avions annoncé une année 2022 chargée et qui nous laisserait sans doute moins le loisir d’alimenter ce blog comme les années précédentes ; vous avez pu le constater ces derniers mois et semaines.
Mais nous ne saurions vous laisser sans vous proposer quelques friandises pour la route… autour, cette année, des expressions qui permettent d’évoquer, justement, l’échappée belle des vacances.
Ainsi, puisque nous allons « filer à l’anglaise » (se retirer (subrepticement et) rapidement, pour échapper à quelqu’un ou à quelque chose – nous dit le Trésor de la langue française), amusons-nous quelques instants de cette expression. Elle semble en effet n’être rien d’autre qu’un renvoi d’ascenseur à nos amis britanniques qui, depuis 1771, semblent se réfugier, lorsqu’ils doivent justifier un départ brusque et sans saluer leurs hôtes, derrière l’idée qu’ils auraient simplement pratiqué un French leave. Les anglais ayant tiré les premiers, il était de bonne guerre de leur retourner la politesse…
Mais quelques recherches plus tard, le constat devient encore bien plus amusant. En effet, si l’on en croit la page en anglais de Wikipedia consacrée à cette expression, on découvre qu’en plus de connaître quelques variantes amusantes, elle sépare, en plus, l’Europe en deux camps ! Pour les variantes, signalons que les anglais, lorsqu’ils ne nous clouent pas au pilori de la politesse, n’hésitent pas à traiter à l’identique leurs voisins irlandais, en évoquant un Irish goodbye qui n’en serait pas un, alors que les allemands ont, eux, le choix entre nous et les polonais (einen polnischen Abgang machen).
Ainsi, dans notre camp, se retrouvent tchèques, roumains, wallons, hongrois, italiens, polonais, ukrainiens et russes, alors que se rassemblent, aux côtés des anglais, allemands, espagnols et portugais. Comme une espèce de Yalta linguistique !
À nous, donc, le farniente… cette « douce oisiveté, état d’heureuse inaction » (Le Trésor de la langue française), mot construit en rassemblant deux mots italiens (far et niente : ne rien faire), et dont la première occurrence dans la littérature française semble être celle de Madame de Sévigné, dans une de ses lettres écrite en 1776 à sa fille Françoise – sur les 297 lettres écrites par la Marquise, 262 sont adressées à cette dernière -. Ainsi, de Livri – entendre ici Livry-Gargan, où la légende a longtemps affirmé qu’elle avait passé son enfance -, voici comment elle décrit son séjour :
« Ne soyez point en peine de mon séjour à Livri ; je m’y trouve parfaitement bien ; j’y vis à ma mode ; je me promène beaucoup ; j’y lis ; je n’ai rien à faire, & sans être paresseuse de profession, personne n’est plus touchée que moi du far niente des Italiens. Je n’en suis tirée à Paris que par des raisons qui me semblent dignes d’être au-dessus de cette fantaisie ; & si je pouvais manquer à tout sans inquiétude, je ne ferais pas plus de chemin que Madame de la Fayette. »
Recueil des lettres de Madame la marquise de Sévigné à Madame la comtesse de Grignan, sa fille, Tome quatrième – Paris, La Compagnie des Libraires, 1775, p. 76
Voilà bien une description que nous ne renierions point pour des vacances ! Maintenant, nul ne saurait dire par anticipation comment les choses peuvent se passer… Nous vous donnons donc rendez-vous, pour la reprise, le lundi 5 septembre, en souhaitant que, d’ici-là, ceux d’entre vous qui ont ou auront des vacances en profiterons, et que, pour les autres, la période sera faste !
Bon mois d’août et bonne farniente 😉
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Bon mois d’août et bon repos alors ! 😊
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