Drame, Roman

Petites dents, grands crocs

Chronique de Petites dents, grands crocs, d’Émilie Guillaumin.

« Après avoir conduit Thomas à l’école, je me recouche deux heures. Quand c’est Pierre qui l’emmène, je m’habille, je prends le petit déjeuner avec eux, les embrasse sur le pas de la porte, puis reviens dans la chambre. Je me gratte le corps jusqu’au sang. »

Émilie Guillaumin, Petites dents, grands crocs, Harper Collins, 2022, p. 173.

Motivations initiales 

J’ai découvert un peu par hasard cette autrice avec son ouvrage précédent, L’embuscade, un véritable uppercut. Il y avait donc de bonnes raisons que son nouvel ouvrage rejoigne ma PAL ! 

Synopsis

Sarah a tout pour être comblée, sa vie est en apparence parfaite et sans fausse note, tant sur le plan personnel que professionnel. Elle décide de prendre un congé d’une année pour se consacrer à l’écriture de son livre. Mais rien ne se passe comme prévu et sa vie s’écroule comme un château de cartes… 

Avis 

L’histoire de Sarah est comparable à un naufrage. Même si, en apparence, tout semble parfait voire idyllique, il suffit de gratter un peu pour que le vernis s’effrite et que les fissures apparaissent. Emportée dans le tourbillon de sa vie de mère et d’épouse, elle étouffe, elle se sent en trop et finit même par envisager des plans sordides pour retrouver la paix intérieure.

Émilie Guillaumin pointe ici du doigt un sujet rarement mis en lumière, celui du don de soi lors de l’arrivée d’un enfant, alors que la société renvoie l’injonction de maintenir également sa place de femme et d’épouse qui ne néglige pas son mari. C’est criant de vérité, tellement réaliste que ça secoue jusqu’au fond des tripes. Impossible de ne pas penser à soi, à un membre de notre famille ou même à une discussion entre amies. Qui de nous ne s’est jamais senti de trop, qui de nous n’a jamais voulu prendre la tangente sur le mode « ils se porteront sûrement mieux sans moi » ? 

Bouleversant, grâce à son histoire mais également à cause de la construction de ce roman, qui alterne entre la vie soutienne de Sarah et des extraits de son journal intime. C’est franchement captivant ! C’est un véritable page-turner qui se lit en quelques heures, impossible à lâcher !

Tel un caméléon, on passe par tout un tas d’émotions, la plume cinglante et écorchée de l’auteure donne à cette histoire un air bien sombre frôlant le sordide. Moralité : il faut toujours se méfier des apparences…

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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