Chronique de Aux soirs de grande ardeur, de Nicolas Puzenat.
« Je n’aime pas quand elle se tait longtemps. Les prêtresses disent que, lorsque ton chuchoteur est muet, c’est parce qu’il t’a abandonné, parce que tu vas bientôt mourir. Ça peut aussi vouloir dire que le chuchoteur a fini sa mission, et qu’il te laisse tranquille. »
Nicolas Puzenat, Aux soirs de grande ardeur, Le Lombard, 2025, p. 36.
Motivations initiales
Quand Le Lombard nous envoie une bande dessinée, c’est toujours une fête et, souvent, une découverte. C’est clairement le cas ici, nous n’avions pas lu Mégafauna, du même auteur, occasion, donc, de le lire pour la première fois.
Synopsis
Alors que l’homme a longtemps été nomade, grâce à son ingéniosité – invention de l’élevage et de l’agriculture, à la fin du néolithique -, il s’est donné les moyens de devenir sédentaire.
De premières cités se forment, alors que s’installe une opposition entre ceux qui choisissent de rester nomades, et ceux qui s’installent, élaborant les premières expériences de sociétés structurées, avec des dominants et des dominés. Manakor, elle, est la servante de Kaal, dont elle est secrètement amoureuse ; Kaal, le cuisinier du Rham, le chef du village.
Mais voilà qu’un incendie cerne la cité. Il faut fuir, ou rester pour protéger le trésor de la cité…
Avis
L’auteur (qui est en même temps le dessinateur et le coloriste) nous donne à voir cette opposition entre nomades et sédentaires, autour d’une intrigue très maline.
Dans la cité de Miril, une classe dirigeante s’est installée, autour du Rham : le Juge-Mage, la grande prêtresse… Leur mythologie consiste à croire que les ancêtres leur parlent – ce sont les chuchoteurs. Chaque enfant, lorsqu’il atteint l’âge, se voit introduire dans l’oreille un termite blanc, censé l’éveiller aux ancêtres. Généralement, l’animal ressort rapidement… mais pas toujours, amenant certains à la folie.
À partir de cette initiation, chacun peut être accompagné, guidé, qui par une tante, qui par une grand-mère ou un grand-oncle. Avec son caractère (colérique, bagarreur, voire agressif, stratège ou pingre), chaque ancêtre va tenter d’emmener celui ou celle qu’il « habite » là où il le souhaite, il va partager ses connaissances. Mais parfois également il s’agit d’un ancêtre mort en bas âge, qui va alors essentiellement geindre et pleurer.
Kaal, qui est tombé amoureux d’une femme d’un clan de nomade, se retrouve accusé d’avoir volé une partie du trésor de la cité. Seul le feu et la fuite lui permet d’échapper à la mort. C’est alors une course qui s’engage, contre le feu d’abord, contre les traditions ensuite.
C’est très intelligemment fait. Et cela mérite d’être découvert. Alors… direction votre librairie préférée !
Pour en savoir plus
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