Chronique de RIP – T. 5 Fanette, de Gaet’s (dessins Julien Monier).
« Je t’ai dit de te calmer, Fanette. On ne tourne pas un western. C’est moi qui décide qui fait quoi. Fais en sorte que les filles restent bien dans leur tourbier, qu’elles ne cherchent pas à s’aventurer dehors. Et si c’est le cas, toi, tu restes dedans. »
Gaet’s (dessins Julien Monier), RIP – T. 5 Fanette, Éditions Petit à Petit, 2022, p. 35.
Motivations initiales
Parmi les différents acteurs de la série RIP, Fanette, la serveuse du bar où tous nos personnages se retrouvent, semble être la plus équilibrée. Mais les 4 premiers tomes nous ont appris qu’il faut se méfier de l’esprit retors des auteurs de cette série… Que nous réservent-ils alors dans ce cinquième tome ?
Synopsis
Dès le démarrage de ce tome, Fanette, que l’on a jusqu’ici essentiellement vue dans le cadre du bar, nous est présentée – je ne vais pas spoiler, en tout cas je vais essayer – dans un tout autre contexte. Et quel contexte… On découvre une Fanette mal dans sa peau (dont elle parle, d’ailleurs, au début de ce tome), mal dans sa vie, mal dans sa tête.
Qui est-elle, d’où sort-elle, pourquoi est-elle là ? Ces questions – et les réponses à ces questions – ouvrent tout un pan d’histoire, au point que l’on se demande, par moment durant cette lecture, comment les auteurs, avec seulement un tome encore à suivre, vont parvenir à boucler la boucle…
L’album est construit autour de deux trames de récit, qui mettent en scène Fanette à deux moments de sa vie. Qui vont se rejoindre…
Avis
Décidément, malgré – ou grâce à ? – la dimension éminemment glauque et noire de cette histoire, cet univers est incroyablement addictif. Et l’on s’attache d’une façon particulièrement paradoxale à ces personnages. Aucun d’eux n’est agréable, aucun d’eux n’est « aimable ». Mais ils sont tellement, profondément, humains que l’on ressent une forme de proximité, à la fois dérangeante et confortable. Oui, paradoxale, disais-je…
Et c’est cette ambigüité qui donne tout son sel à cette série qu’on adore détester tout en détestant l’adorer. Si, là, vous n’avez pas perçu à quel point cette série provoque – à dessein je crois – des réactions ambivalentes, je ne peux rien faire de plus 🙂
Avec cette « belle » galerie de portraits, on est amené à s’interroger sur le sens du hasard, qui fait se croiser des vies. Naturellement, dans une série, on peut forcer le trait, condenser les choses, d’où cette concentration dans un même lieu de cas que l’on n’a pas l’impression de croiser tous les jours – enfin… j’espère ! -, mais malgré cela tout reste crédible, tout reste vivant. Humain, il n’y a pas d’autre mot.
Je ne veux pas trop en dire, pour ne rien déflorer sur le contenu, sur l’histoire, sur ce que l’on apprend de Fanette et des autres personnages. Ce qui, évidemment, rend les choses plus compliquées pour faire une chronique qui ressemble à quelque chose. Mais ce tome me semble être presque un pivot de la série. La question n’est déjà plus de savoir si ce tome est à lire – oui, évidemment ! -, mais elle peut être celle de sa place dans la série.
Bref. Si vous avez commencé RIP, et que vous n’avez pas encore atteint ce 5e tome, il vous réserve de sacrées surprises. Et si vous n’avez pas encore passé le cap de lire RIP… ne m’énervez pas, j’ai noté le coup de la multiprise…
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

