Aventures, Bandes dessinées

Le Chevalier Imberbe

Chronique de Le Chevalier Imberbe, de Tamos le Thermos.

« Seigneur… pardonnez-moi car j’ai pêché… J’ai eu des pensées impures… J’ai ressenti du désir pour… pour… une femme. Seigneur, pardonnez-moi… Je pensais que c’était un homme… Je ne comprends rien. »

Tamos le Thermos, Le Chevalier Imberbe, Exemplaire Éditions, 2025, p. 65.

Motivations initiales 

Un petit craquage en librairie et hop, ce roman graphique rejoint ma PAL ! 

Synopsis

Le Chevalier Imberbe, c’est l’histoire d’un héros (ou d’une héroïne ?) qui ne rentre dans aucune case… sauf peut-être celle du cœur de tous les lecteurs. Dans un Moyen Âge plein de panache, de manigances et de chausses trop serrées, Isabeau – chevalier loyal·e au service d’Aliénor d’Aquitaine – brave les injustices et les conventions avec une épée bien aiguisée et un genre tout en mystère.

Toujours imberbe, jamais inaperçu·e, Isabeau fait souffler un vent de liberté dans un monde corseté par les apparences et les étiquettes. Entre complots mesquins, histoires de cœur et quêtes de sens, cette fresque médiévale pleine d’humour et de finesse interroge sans pesanteur ce que veut dire être soi.

Avis 

Il y a des livres qui arrivent en armure, sabre au clair, mais qui, sous les éclats d’acier, cachent une tendresse folle. Le Chevalier Imberbe en fait partie. Avec sa plume vive et ses dessins malicieux, Tamos le Thermos nous embarque dans un Moyen Âge réinventé, où la boue des chemins côtoie les questions d’identité de genre… le tout en restant drôle, accessible et farfelu !

Au cœur de cette fresque médiévale : Isabeau. Chevalier dévoué·e, courageux·se et… mystérieusement imberbe. Mais l’absence de poils n’est qu’un prétexte à quelque chose de bien plus profond : une réflexion fine sur l’identité, sur les attentes qu’on projette sur les autres, et sur le regard que la société porte sur le genre. Isabeau ne se définit pas, et c’est bien là que réside toute la beauté du personnage : on l’aime pour ce qu’il ou elle fait, pour ses valeurs, sa loyauté, son humour, son panache. Point.

L’humour, justement, est une des grandes forces de ce roman graphique. On rit souvent, on sourit beaucoup, on se surprend à hocher la tête en découvrant des dialogues subtilement actuels malgré le cadre historique. Les personnages secondaires sont volontairement caricaturaux, un brin grotesques parfois, mais toujours savoureux – à commencer par Marguerite, sorte de gardienne coincée des bonnes mœurs, ou Radegonde, troublée par l’irrésistible ambiguïté d’Isabeau.

Mais sous les apparences légères, Le Chevalier Imberbe interroge des choses profondes : pourquoi notre regard sur quelqu’un change-t-il dès qu’on ne peut plus lui coller une étiquette ? Et pourquoi ce regard a-t-il tant d’importance ?

En bref, ce roman graphique est une belle surprise : drôle sans être creux, engagé sans donner de leçons, coloré, vif, inventif. Il réussit le pari de faire réfléchir sans alourdir, de parler de genre et d’amour avec une tendresse absolue.

Un roman graphique à offrir, à lire et à relire — que l’on ait une barbe ou pas.

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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