Chronique de Beneath the trees where nobody sees, de Patrick Horvath.
« C’est animé. Pênes dormants, chaines de sécurité, boulons à barillet, affleurants, coulissants, barres de porte, cadenas, serrures combinées, capteurs de mouvement, caméras… Ça n’a pas arrêté depuis l’ouverture. »
Patrick Horvath, Beneath the trees where nobody sees, Éditions Ankama, 2025, p. 36.
Motivations initiales
La tentation était grande pour cet album, j’ai fini par craquer en voyant que pour beaucoup c’était une excellente lecture !
Synopsis
Dans une petite ville forestière au charme paisible, les habitants sont tous d’adorables animaux anthropomorphes. Entre pâtisseries maison, sourires polis et salons de thé, tout semble respirer la douceur et la tranquillité… à un détail près. Car l’un d’entre eux cache un instinct bien plus sombre. Sous cette apparence douce et soignée, se terre un tueur méticuleux — qui ne tue que loin des regards, là où les arbres forment un écran naturel.
Mais lorsque des crimes inexpliqués commencent à perturber le calme apparent, l’équilibre fragile de cette communauté apparemment parfaite menace de s’effondrer. Et le jeu du chat et de la souris prend une tournure bien plus sanglante qu’il n’y paraît.
Avis
Fluffy, mignon… et complètement sanglant.
Ne vous laissez pas tromper par la douceur des traits, les couleurs pastel ou les petits animaux aux yeux attendrissants. Dans Beneath the Trees Where Nobody Sees, il y a du sang sous les pattes, du silence dans les bois… et un sérieux goût de macabre qui s’installe sous la fourrure.
Cet album graphique est un OVNI : un mélange déroutant mais brillamment maîtrisé entre esthétique mignonne et horreur psychologique. L’auteur nous propulse dans une petite communauté forestière paisible, où chaque créature semble tout droit sortie d’un livre pour enfants. Et pourtant, derrière cette façade charmante, certains cachent de très, très sombres secrets…
Le contraste est saisissant, presque dérangeant, et c’est ce qui fait tout le sel de la lecture. On alterne entre rires nerveux et frissons d’angoisse. Comment peut-on être attendri par une scène pour, trois cases plus tard, être témoin d’un meurtre glaçant ? C’est précisément cette dualité qui rend l’album si captivant.
L’univers visuel, très doux, renforce ce malaise délicieux. C’est beau, presque réconfortant, et c’est là que ça devient brillant : le style enfantin devient un écran de fumée qui rend les moments de violence encore plus percutants. On ne s’y attend jamais vraiment, et quand ça arrive, ça secoue.
En filigrane, l’album joue aussi avec des thèmes profonds : la solitude, l’identité cachée, les règles tacites d’une société qui préfère ne pas voir ce qui se trame « sous les arbres ». La narration est habile, lente et calculée, presque chirurgicale. Pas de grands effets, mais une montée en tension qui glace peu à peu.
Bref, un énorme coup de cœur pour cet album atypique et déroutant, qui mêle douceur et monstruosité avec une intelligence redoutable. Une expérience de lecture à la fois troublante et grisante, qui ne laisse personne indemne.
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

