Bandes dessinées

Nephilims – T. 3 Le Sang des autres

Chronique de Nephilims – T. 3 Le Sang des autres, de Stéphane Créty, Sylvain Runberg et David Dusa.

« N’ayez pas peur, nous sommes de redoutables guerriers, pas des animaux sauvages. Nous avons combattu les choctaws, les cherokees et bien d’autres, des batailles en surface, dans les montagnes, dans ces galeries et ces grottes où les tribus humaines ont tenté de nous piéger. Mais nous nous défendons, nous les repoussons ! Depuis des siècles, il y a des guerres incessantes sans vainqueur. »

Stéphane Créty, Sylvain Runberg et David Dusa, Nephilims – T. 3 Le Sang des autres, Éditions du Lombard, 2025, p. 14.

Motivations initiales

Troisième et dernier tome de cette trilogie dont les chroniques précédentes se trouvent ici (tome 1) et (tome 2), c’est l’occasion d’un clin d’œil aux Éditions du Lombard, qui nous ont fait le plaisir de nous l’adresser !

Synopsis

S’étant emparés – dans le deuxième tome – d’ossements Nuhallos, les scientifiques de l’expédition ont provoqué, sans le savoir, sans le comprendre, la colère des géants. Ceux-ci, en effet, s’ils sont parvenus à préserver leur culture et leur existence face aux humains, sont touchés par un mal qui met en danger leur espèce : depuis plusieurs décennies, il n’y a plus de naissances dans leur peuple.

Or ce sont précisément les ossements du dernier enfant né – et mort en bas âge – dont l’expédition s’est emparée. Il faut la force de persuasion et le courage de la trappeuse, Lawrence Beckwing pour obtenir un délai, afin d’essayer de récupérer les ossements, et de les rendre aux Nuhallos…

Avis

L’action de cette trilogie se déroule entre les monts Ozark et les monts Ouachita, chaînes reculées qui couvrent une partie de l’Arkansas, du Missouri, de l’Oklahoma et du Kansas. Ce grand territoire est rude, à la fois par son caractère accidenté, mais également par sa population, habituée à vivre dans des conditions difficiles. Riche en gisements (plomb, fer, zinc, baryte), la région attire des hommes durs au mal, comme on avait pu le voir dans un autre livre chroniqué ici, Chiens des Ozark.

L’expédition n’aurait pas pu être organisée à une période moins favorable : en pleine guerre de Sécession, nous pouvons observer la façon dont Nordistes et Sudistes se battent, embarquant avec eux leurs alliés indiens respectifs, Cherokees, Choctaws…

Mais, surtout, les auteurs nous mettent sous les yeux les effets de cette science prédatrice qui, sous prétexte de « découverte », a longtemps cherché à s’emparer de ce qui ne lui appartenait pas. Le débat, aujourd’hui, fait rage pour savoir s’il faut rendre à l’Égypte tous les vestiges de son glorieux passé, à la Grèce, à la Syrie, aux peuples premiers – la liste est longue… – tous les objets qui ont été razziés par des explorateurs qui se prétendaient scientifiques mais se comportaient comme des chasseurs de trésors.

Il ne s’agit pas de dire que tous ceux qui ont participé à ces faits étaient sans cœur et sans morale. Nombre d’entre eux étaient simplement pénétré de ces croyances en un Occident civilisateur. Mais force est de constater que, dans de nombreux cas, c’est à une captation indue que ces individus se sont livrés.

Ici, c’est illustré par la façon dont Cyrus Powell veut s’emparer des ossements Nuhallos, sans se préoccuper de savoir s’ils peuvent être considérés comme sacrés pour ce peuple. Et même lorsqu’il devient évident que le fait de les avoir emporté provoque la colère des géants, rien ne le fait changer d’avis. En revanche, et en contrepoint, Kennicott, l’ami de Bruce Taylor, a une plus haute idée de la science, lorsqu’il dit – et c’est la conclusion de la trilogie – que « La science nous enseigne d’apprendre de nos erreurs, pas d’arrêter de chercher » (p. 56).

Quant aux Nuhallos, eux aussi nous proposent un regard sur nous, les humains. Ils demandent seulement à vivre en paix, c’est d’ailleurs ce qu’ils sont parvenus à faire avec les choctaws, avec qui ils partagent le territoire : ceux-ci peuvent vivre sans craindre les géants, du moment qu’ils gardent le secret de leur existence. Mais, avec les autres groupes humains, nous dit l’un d’entre eux, « Nous avons fait la paix plus de fois que je ne peux compter et chaque fois, les hommes en ont profité pour se réarmer et attaquer » (p. 29).

Une histoire édifiante, des géants qui veulent juste avoir le droit de vivre, des humains dévorés par l’agressivité ou l’envie… bref, une parabole de ce que notre monde actuel nous permet d’observer tous les jours…

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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