Chronique de La Petite menteuse, de Pascale Robert-Diard.
« – Dis, c’est quoi ton histoire de salope ?
C’était donc pour ça qu’il avait fait le détour jusque chez elle en quittant le port.
– L’histoire d’une fille qui a eu des seins plus tôt que les autres…
Le visage de Léon s’éclaira d’un sourire. Il lui manquait des dents.
– C’est pas de sa faute, alors. »
Pascale Robert-Diard, La Petite menteuse, Collection Proche, 2023, p. 93.
Motivations initiales
Sur les conseils de l’homme à la houppette aka Gérard Collard, ce livre a rejoint ma PAL il y a plusieurs mois. Mais avec la fin de thèse et une soutenance imminente, il est resté au fond de ma PAL bien trop longtemps !
Synopsis
Alice est avocate et éprouve une certaine lassitude de son métier, elle traite toujours les mêmes dossiers, rencontre le même type de prévenus… À son bureau, une jeune femme hésitante et visiblement fracassée par la vie lui demande de la représenter lors de son procès en appel. Lisa, âgée de vingt ans, a été violée lorsqu’elle avait une quinzaine d’années. Les deux femmes vont apprendre à se connaître, s’apprivoiser et Alice comprendra très vite que des affaires comme celle-ci, on n’en a qu’une dans sa vie…
Avis
La Petite menteuse est à mi chemin entre le roman et la plaidoirie. Ici, on embarque pour un moment qui ressemble à un plaidoyer et parfois même un procès-verbal réalisé en direct dans un commissariat. Le style retenu par l’auteure peut intriguer et peut-être même apeurer le lecteur mais croyez-moi, « ça matche » comme on le dit si bien !
Ce qui est plaisant dans cette histoire c’est que la colonne vertébrale du roman n’est autre que le mensonge et les raisons qui l’entrainent, tout est construit autour de cela et donne une vraie profondeur à l’histoire. Grâce à la jeune Lisa, on s’interroge sur le regard que notre société pose sur la statut de victime et de cette immunité dont elle peut disposer sous le couvert d’un mouvement tel que Me too… même si ce dernier est évidemment parfaitement légitime.
Il faut reconnaître à Pascale Robert-Diard l’audace d’oser parler du doute que l’on peut avoir face à une potentielle victime. En effet, l’auteure n’hésite pas à pointer du doigt les erreurs judiciaires et également à tacler parfois les mouvements féministes.
Une fois commencé, ce livre vous tient en haleine et est impossible à lâcher… Lecture en apnée, nerfs en pelote, le lecteur est vraiment malmené mais malgré tout, il faut noter la justesse de ton et l’humanité qui se dégage de cette sombre histoire.
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

