Chronique de 1629 – T.1 … ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta, de Xavier Dorison & Thimothée Montaigne.
« Ces matelots nous détestent déjà, mais ils ne nous méprisent pas encore. C’est pour ça qu’ils restent dans leur « cage »… Alors regardez-les, on leur doit bien ça… »
Xavier Dorison & Thimothée Montaigne, 1629 – T.1 … ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta, Éditions Glénat, 2022, p. 36.
Motivations initiales
Acheté dès sa sortie, cette bande dessinée – qui a presque un format de roman graphique – traine dans ma PAL depuis de nombreux mois – voire même une grosse année ! Il était temps de l’ouvrir et de voir si les échos que j’en ai eu se confirment…
Synopsis
1629. Les Pays-Bas dominent le commerce maritime des Indes. La grande compagnie maritime – la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, abrégée en VOC -, créée en 1602 pour combattre la domination portugaise en Asie, n’a qu’une règle de conduite, et un credo : « le temps c’est de l’argent », le reste importe peu. Progressivement, elle s’est forgé un empire, autour de la ville de Batavia – désormais Jakarta.
Le Jakarta, navire amiral de l’une des flottes de la compagnie prend donc la mer avec à son bord différentes catégories sociales qui doivent cohabiter ensemble et apprendre à se tolérer. Très rapidement, tous comprennent que la traversée n’aura rien d’une aimable croisière…
Avis
Embarquer sur le Jakarta, c’est embarquer pour un récit aux allures de thriller psychologique. En tournant les pages, le lecteur assiste à des mutineries, reçoit – ou distribue – des coups de fouet, est témoin d’innommables massacres, subit des naufrages. En un mot, il lutte pour sa survie.
Le scénario proposé par Xavier Dorison est magistral. Pas de temps mort, pas de moment où le lecteur a envie d’abandonner sa lecture, ici, on a juste envie de tourner les pages avec avidité… Et pourtant, ce n’était pas gagné d’avance : s’emparer d’un fait historique du XVIIème siècle – les aventures du Jakarta qui nous sont contées ici sont directement inspirées de celles, réelles, subies par le Batavia à l’époque – et parvenir à le rendre intemporel et contemporain, c’était un pari fort risqué !
Ce que l’on aime particulièrement ici, c’est la dualité que l’on constate page après page, le rapport entre la liberté individuelle et la soumission d’un groupe. C’est plein de noirceur et les personnages mis en scène par Xavier Dorison ont chacun leur importance et leur pierre a apporter à l’édifice.
Si le scénario est extrêmement bien ficelé, que dire des illustrations proposé par Thimothée Montaigne ? Elles regorgent de détails et, sans mauvais jeu de mot, on se noierait dedans. Le réalisme est stupéfiant et donne une profondeur à l’histoire proposée.
Vous l’aurez compris, on ne regrette pas de se lancer dans cette lecture et on en prend plein les mirettes ! Bref, vivement le second – et dernier – tome de cette histoire, en espérant que nous ne l’attentions pas trop longtemps !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.
Ô grimoire ! 