Chronique de Verdun – T. 3 Les Dusillés de Fleury, de Jean-Yves Le Naour, Marko, Inaki Holgado.
« C’est vraiment trop injuste. Les généraux ont ordonné qu’on le fusille sans lui donner la possibilité de se défendre, et malgré les preuves, il serait impossible de lui rendre justice ? »
Jean-Yves Le Naour, Marko, Inaki Holgado, Verdun – T. 3 Les Fusillés de Fleury, Bamboo Édition, 2018, p. 8.
Motivations initiales
Nous n’avions pas été bien vifs, chez Ô Grimoire, à lire les deux premiers tomes de cette série, auxquels nous avions consacré une chronique, après qu’ils aient patienté près d’un an dans notre PAL. Mais que dire pour ce troisième et dernier tome, sorti en 2018 ? Et pourtant…
Synopsis
Le 11 juin 1916, deux sous-lieutenants, Herduin et Millant, sont fusillés, pour abandon de poste, sur ordre du colonel Bernard – qui deviendra plus tard général – et du général Boyer. Mais le capitaine Delaruelle, qui a pris le commandement du régiment, désapprouve cette décision et refuse de commander le peloton d’exécution. Le médecin-major refuse d’assister à l’exécution. Et c’est finalement Herduin lui-même qui, après avoir tenu un discours aux soldats, les enjoignant de se battre jusqu’au bout de leurs forces pour la France, dirige lui-même sa propre exécution, un fait sans doute unique dans l’histoire militaire ! Dans sa dernière lettre à sa femme, il lui demande de combattre la justice militaire, après la guerre, pour obtenir d’être blanchi. C’est donc Fernande Herduin qui mènera cette bataille, au nom des « fusillés de Fleury ».
Avis
Mais quelle histoire incroyable ! Si un romancier avait imaginé un tel scénario, chacun aurait crié à la supercherie. Et pourtant, c’est bien arrivé, en France, en 1916.
Ce troisième tome raconte, non plus Verdun et la lutte sans merci livrée par l’armée française pour résister aux forces allemandes, malgré l’incurie de certains de ses chefs, mais s’attache à cet épisode proprement incroyable des fusillés de Fleury.
Nous sommes à Fleury-devant-Douamont. Le 5 juin 1916, il monte au front, à la ferme de Thiaumont. Son régiment subit, du 5 au 8 juin, d’intenses bombardements allemands, à l’occasion desquels les positions sont détruites, le commandant du régiment, le colonel de Lamirault, trouve la mort, le commandant en second étant fait prisonnier. Les compagnies d’Herduin et Millant, ayant perdu la moitié de leurs effectifs et sans munitions, se retrouvent coupées du reste des troupes. Les deux sous-lieutenants décident de profiter de la nuit pour exfiltrer les hommes survivants, et rejoindre Verdun.
Mais lorsque, finalement, ils retrouvent ce qui reste de leur régiment, désormais confié au capitaine Delaruelle, celui-ci vient de recevoir l’ordre de les fusiller pour abandon de poste. Ils n’ont pas l’occasion de se défendre, leur rapport n’est même pas consulté par le colonel Bernard et l’ordre de les fusiller est confirmé.
Fernande Herduin, après la guerre, demande à ce que son mari soit réhabilité. Mais comment faire réhabiliter quelqu’un contre lequel aucun procès n’a été tenu ? Elle se fait éconduire par tous ceux qu’elle sollicite. Et c’est cette lutte, longue et délicate, que raconte cette bande dessinée.
C’est efficace, c’est également rigoureux, me semble-t-il, sur le récit. On s’éloigne un petit peu des champs de bataille, pour aborder un autre terrain d’affrontement, celui du combat politique.
Et vous, êtes-vous prêt à accompagner Fernande Herduin dans ce combat, contre la Grande Muette, et ceux qui, dans les cabinets ministériels, se tiennent consciencieusement à distance ? Oui ? Alors chaussez vos godillots, enfilez vos guêtres, et en route !
Pour en savoir plus
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