Essai, Témoignages

Comment l’université broie les jeunes chercheurs

Chronique de Comment l’université broie les jeunes chercheurs, de Adèle B. Combes.

« J’ai bien conscience de cette épée de Damoclès planant au-dessus de moi. Griller mes allocations chômage pour finir ma thèse sans être sûre de pouvoir obtenir mon diplôme à cause du veto de Michel est inconcevable. »

Adèle B. Combes, Comment l’université broie les jeunes chercheurs, Éditions Autrement, 2022, p. 80.

Motivations initiales

Un ouvrage qui me parle et que j’ai dans ma PAL depuis sa sortie… Je pense que ma fin de thèse a tellement été catastrophique que je reculais cette lecture au maximum, de peur de me reconnaître dans les pages de ce livre… 

Synopsis

Adèle B. Combes est docteure en neurobiologie et elle a mené une grande enquête intitulée « Vies de thèse » auprès de deux milles personnes ayant réalisé un doctorat. 

Elle met en lumière le harcèlement, la précarité des doctorants et enfin cette loi du silence qui prévaut au sein de l’enseignement supérieur. 

Avis 

Glaçant ! Complètement hallucinant et effarant ! Il faudrait un bon coup de pied dans cette fourmilière qu’est l’université. 

Les langues commencent à se délier, des « cellules harcèlement » voient le jour au sein des universités, mais le malaise est encore et toujours là… En même temps, il faut plus que ça pour faire bouger ce système où règnent en maître une poignée de personnes qui se considèrent comme étant les « bien pensants » et qui, en même temps, font tout pour se maintenir au sommet de la pyramide de cette société digne du Moyen Âge.  

Cet essai se décompose en trois témoignages glaçants. Laurine, Baptiste et Sarah ont tous trois vécu des expériences traumatisantes. À travers ces témoignages, Adèle B. Combes met en lumière le harcèlement et/ou les pressions que peuvent subir les doctorants, la dure réalité d’une thèse non financée qui ouvre une vie précaire aux doctorants ainsi que le système de clientélisme – ce mot que l’on emploie en général pour les politiciens corrompus et pour les mafias – qui règne dans ce milieu. 

Ce livre, s’appuyant sur des données chiffrées, est assez incroyable. Il se lit comme un roman et quel roman. Parfois très sombre, sans espoir, on y parle même de suicide à cause de pression subies. 

Pour moi qui suis un pur produit du système universitaire français, je me reconnais malheureusement tellement bien dans ces lignes. Et j’y reconnais aussi, tout aussi malheureusement, certains de ceux qui ont gravité autour de moi et qui utilisent à la perfection la perfidie et le mensonge. Quel bonheur de ne plus être dans ce système ! 

Un livre dont la lecture devrait être obligatoire pour tous les encadrants, mais aussi pour tous ceux qui envisagent de se lancer dans une thèse. À quand un système plus juste ? Quand les choses vont-elles enfin bouger ? Faire une thèse, s’engager dans la recherche, cela devrait consister à s’engager à la probité, à l’honnêteté,  à la rigueur… pas à se placer sous les fourches caudines d’individus dont certains ont oublié jusqu’au sens de ces mots…

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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