Thorgal Saga – Shaïgan

Chronique de Thorgal Saga – Shaïgan, de Yann et Roman Surzhenko.

« – Noble Kriss, permets-moi de te mettre en garde ! Les hommes commencent à tenir des propos détestables au sujet de Shaïgan : c’est malsain… Ils lui reprochent de manquer de cruauté et de ne plus monter que de simples expéditions de pillage ou de capture d’esclaves, en dédaignant les combats plus sanglants ! Tu dois absolument dire à Shaïgan de…

– Tais-toi ! Comment oses-tu me donner des ordres ! Va-t’en ! »

Yann et Roman Surzhenko, Thorgal Saga – Shaïgan, Éditions du Lombard, 2024, p. 13.

Motivations initiales

Les Éditions du Lombard nous font, depuis un bon moment maintenant, l’immense joie de nous adresser certaines de leurs parutions, dont celles des séries de l’univers de Thorgal. Et dont Thorgal Saga, toujours de magnifiques albums, aux covers sublimes… Ce Shaïgan ne fait pas exception à la règle, et nous remercions donc une fois encore le Lombard !

Synopsis

Saisissant l’occasion de l’amnésie de Thorgal – je ne dispose pas de l’expertise nécessaire en Thorgalisme pour identifier à quel moment de la saga initiale on se situe exactement, mais, clairement, on est quelque part pendant le cycle de Shaïgan-sans-merci, entre les tomes 18 et 23 -, Kriss de Valnor a forgé, de toutes pièces, le personnage de Shaïgan-sans-merci, un conquérant cruel et sans pitié, dont elle est l’amante. Cela lui permet à la fois d’assouvir sa propre volonté de pouvoir et de pillage, tout en ne courant pas le risque que, comme femme, on ne l’écoute pas.

Mais, par flash, des images commencent à revenir à Thorgal – Shaïgan. Dans les traits d’une captive, il croit voir Aaricia, sans savoir qui cela serait ; plus tard, il s’arrête sur des enfants qui pourraient être Jolan ou Louve ; bref, ces fulgurances l’amènent petit à petit à se demander qui il est réellement et à mettre en doute ce que Kriss lui présente.

Conscient de ce qui lui échappe, il envisage de mettre fin à son existence, avant de solliciter un devin, dans l’espoir que celui-ci puisse l’aider à retrouver son passé. En échange, le Spamaôr Kalu Waertz exige qu’il lui ramène Fiskhryggr, l’arête de poisson, une épée magique perdue…

Avis

On retrouve ici une intrigue assez classique : Thorgal, manipulé – ici, par Kriss de Valnor -, se voit contraint d’aller récupérer un trésor perdu (ici, cette épée dissimulée par Halvdan-le-Noir), au risque de sa vie. Il lui faut affronter de terribles dangers – dont quelques morts-vivants, excusez du peu), mais également faire preuve de son habituelle vivacité d’esprit. Et si le personnage de Shaïgan, composé par Kriss, est loin des valeurs de notre héros, son esprit demeure suffisamment fort pour ne pas disparaître totalement…

Mais il ne faut pas entendre ce classicisme comme une critique : cela fonctionne bien, le scénario est solide, et les dessins sont magnifiques.

La duplicité et la cruauté de Kriss de Valnor est, une nouvelle fois, assez jouissive. D’autant que ce choix de profiter de l’amnésie de Thorgal non seulement pour en faire un guerrier à sa démesure, mais également pour en faire son amant est évidemment révélateur… d’autant que l’on croit deviner qu’elle pourrait bien être enceinte, probablement d’Aniel.

Ces albums de Thorgal Saga sont vraiment de très beaux one-shot, qui viennent éclairer le reste de la saga. Alors n’hésitez pas, si vous êtes déjà des aficionados de Thorgal, ce n’est probablement pas la peine de vous le dire, mais même si vous ne connaissez pas bien, allez-y !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.