Aventures, Bandes dessinées, Westerns

SIX – T. 1 Le Massacre de Tanque Verde

Chronique de SIX – T. 1 Le Massacre de Tanque Verde, de Philippe Pelaez et Javi Casado.

« Filles du péché, anges déchus, colombes souillées… et encore, je vous passe les vulgarités.

Une fois embauchées, elles étaient vite dégauchies par ce qu’il y a de plus vil, de plus puant et de plus laid à l’Ouest des Grandes Plaines…

À la grande époque du Scarlet, il y avait quatre hommes pour une femme. Je vous laisse imaginer la carence. »

Philippe Pelaez et Javier Casado, SIX – T. 1 Le Massacre de Tanque Verde, Dargaud, 2023, p. 9.

Motivations initiales

Chez Ô Grimoire, nous sommes toujours globalement en veille sur ce qui parait, ici ou là. Avec un œil plus appuyé sur les choses qui nous parlent. Le renouveau du style « western », et notamment en bandes-dessinées, cela fait partie de ces sujets qui nous intéressent. Alors quand celle-ci est sortie, que nous en avons lu du bien… eh bien, nous nous sommes dit que nous allions jeter un regard…

Synopsis

Un massacre a eu lieu à Tanque Verde. Les habitants du ranch ont été tués, ainsi qu’une autre famille, que personne ne connaissait. Un seul survivant, un jeune garçon, qui se fait finalement tirer dessus par ceux qui, les premiers, découvrent le carnage, et perd un oeil dans la bataille. Il est recueilli par Elsie, l’une des « pensionnaires » du Scarlet Lady, un saloon mal famé, qui le soigne. Mais il reste borgne, et longtemps, ne prononce pas un mot.

En parallèle, Quintus Jones, un déserteur multi-récidiviste, prend une nouvelle fois le large, non sans laisser un souvenir gravé sur le front du colonel Almon Wilburg, qui avait voulu se débarrasser de lui de façon… définitive. Il s’enfuit finalement en compagnie d’un indien, Tsiishch’ili. Et, dans leur errance, ils croisent un esclave en fuite et, bientôt, une nonne en rupture de ban égarée dans le désert…

Ces six personnages, marginaux, vont se trouver réunis par le hasard…

Avis

Ce premier tome, sur quatre annoncés, pose les bases d’une grande aventure dont il faut dire qu’elle s’annonce extrêmement prometteuse. Commençons donc par la fin : vite, il me faut la deuxième partie !

La mise en route est plutôt efficace, alors même que le choix scénaristique pourrait paraître risqué : en effet, on suit, globalement, les histoires de « kid » et d’Elsie d’un côté, de Quintus et Tsiishch’ili, de l’autre. Mais le scénariste a choisi également de fonctionner avec une série de flash-back – flash-forward, puisqu’un « narrateur » raconte lui-même l’histoire, visiblement quelques années plus tard (pour le moment, il reste plongé dans la pénombre, ce qui empêche toute tentative de deviner de qui il s’agit : l’un des six, survivant de cette histoire (qui pourrait laisser quelques personnages sur le carreau) ? Témoin privilégié ? Nous l’apprendrons sans doute plus tard…

Vous l’aurez compris, on suit trois fils narratifs, dont deux – les deux qui se déroulent au même pas de temps – vont se rejoindre. La dernière image de l’album, ce sont nos six « héros » réunis, chevauchant vers… la prochaine aventure.

Le ton est volontairement décalé, puisqu’il nous est précisé immédiatement que toutes les légendes héroïques du Far-West, qui ont largement contribué à la construction du « roman national américain », sont, d’abord et avant tout, des légendes. Débarrassez ces récits de leur dimension épique, il ne vous reste que la violence d’un monde sans lois, sans foi et souvent sans honneur. La valeur d’un individu se mesure exclusivement à sa capacité à survivre, quitte à laisser derrière lui un chemin parsemé de cadavres. Les hommes d’honneur, c’est souvent au cimetière que vous les retrouvez.

Ne parlons même pas de la condition de la femme dans ce monde… je ne sais pas si c’était l’intention, mais dès la première page, le message est passé. Lorsque des cavaliers découvrent le massacre de Tanque Verde, ils passent d’abord à côté de deux cadavres de femmes, dont l’une au moins a clairement été violée avant d’être abattue. Mais ce n’est que lorsqu’ils arrivent au pied de l’arbre auquel le propriétaire des lieux a été pendu qu’ils ont ce dialogue édifiant :

« – Merde, c’est Britt McKurry…

– Bon sang, que s’est-il passé ici ?? »

Comme si, après tout, bah, deux femmes violées et tuées, cela peut être un simple accident domestique. En revanche, si l’homme a été tué, là, c’est vraiment sérieux…

Je l’ai dit immédiatement : j’attends déjà la suite (qui est parue, je crois) avec impatience. Cela dit tout de la qualité de ce premier album, qui mérite vraiment d’être découvert. Alors, prenez votre barda et en route !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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