Historiques, Récit historique

Julia et la colère des dieux

Chronique de Julia et la colère des dieux, de Santiago Posteguillo.

« Il m’arrive de penser que la funeste Fortuna et de nombreux dieux romains se sont ligués, comme elle-même l’a déjà évoqué, pour faire du mal à l’impératrice ; peut-être parce qu’elle est étrangère. Si ce n’est pas cela, il est incompréhensible que tant de malheurs s’abattent sur une seule famille. Moi-même, venant de Pergame, d’Orient, j’ai eu droit à des regards hautains de plus d’un Romain pour la seule raison que je n’étais pas né ici. Est-ce vraiment notre lieu de naissance qui détermine notre valeur ? Jusqu’où peut donc aller la stupidité humaine ? »

Santiago Posteguillo, Julia et la colère des dieux, le cherche midi, 2023, p. 31.

Motivations initiales

J’avais eu l’occasion, ici, de vous dire tout le bien que je pensais du premier opus de Santiago Posteguillo consacré à Julia. Le seul « défaut » de cet auteur – pour ceux qui considèrent qu’il s’agit d’une faille -, c’est qu’il produit de sacrés pavés… et parfois on hésite à se lancer dans une telle lecture. Dans ce Julia et la colère des dieux, on parle en effet de 895 pages, et même si l’ouvrage est imprimé sur un papier très léger, cela reste une somme. Bref, cela a ralenti sa mise en lecture…

Synopsis

Avec l’appui de Julia, Septime Sévère est désormais solidement assis sur le trône impérial de Rome. Mais ce n’est plus de l’extérieur que vient le danger : si la dynastie dont Julia rêve doit s’effondrer, ce sera de l’intérieur. Les pires trahisons et les plus profondes divisions sont toujours celles qui se produisent au sein de la famille… Julia doit même affronter l’ennemi le plus intime qui soit, son propre corps : Galien lui diagnostique en effet une tumeur.

Se peut-il qu’autant de malheurs touchent une même famille « par hasard » ? Ne serait-ce pas plutôt un effet de « la colère des dieux » ?

Avis

Dans Moi, Julia, récit de combat et de sang, l’auteur s’en tenait à une trame historique stricte, autant travail d’historien que de romancier. Dans ce nouvel opus, il imagine un nouveau dispositif, plus romanesque, et qui rend probablement la lecture plus accessible (je dis probablement parce que la forme du premier ne m’avait pas gêné).

Le récit est en effet entrecoupé par le récit des Assemblées des dieux, à l’occasion desquelles nous voyons deux clans s’affronter. D’un côté Vesta, Mars, Neptune, Apollon, Diane, soutenus par divers dieux mineurs ou locaux, farouchement opposés à Julia et qui exigent qu’elle soit punie parce qu’elle affaiblirait Rome, de l’autre Minerve, Junon, Cybèle et Proserpine, qui soutiennent Julia Domna. C’est en réalité une véritable guerre entre les dieux qui s’engage, comme à l’occasion de la guerre de Troie.

Jupiter, en arbitre, cède au camp des « anti » : il décide que Julia sera soumise à cinq épreuves, chacune pouvant s’avérer fatale.

Et ce sont ces épreuves que l’on va suivre tout au long du livre : la trahison, l’affrontement entre deux frères, la folie d’un fils, l’attaque d’un usurpateur… et la maladie. Julia saura-t-elle, malgré ces dangers, tracer son chemin ?

Non seulement cette façon de présenter les événements permet à Santiago Posteguillo, de suivre la trame historique, mais également d’en donner une lecture qui parait très en ligne avec ce que les auteurs romains de l’époque faisaient eux-mêmes. Et tout cela mène à un ultime rebondissement – attention au spoil, pour ceux qui ont l’intention de lire ce livre – : Jupiter semble être le seul à percevoir que, derrière la menace des autres dieux, il en est une que les dieux romains sous-estiment. Ce nouveau dieu, que ses adorateurs nomment Christ, l’inquiète tout particulièrement…

C’est bien construit, c’est plaisant à lire, c’est solide historiquement. Toutes les raisons sont réunies pour lire ce livre et découvrir cette femme injustement oubliée par l’Histoire, Julia, femme de Septime Sévère !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site lisez.com.

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