Chronique de Là où dorment les géants, de Maurine Mazars.
« Ils me laisseront entrer, je pense… Mon père était un des leurs.
Il savait tant de choses… sur la Nature, sur notre monde… Il m’a tant appris… je l’admirais.
Quand j’étais enfant, il me parlait souvent de cet endroit dans les Montagnes. »
Maurine Mazars, Là où dorment les géants, Éditions du Lombard, 2025, p. 35.
Motivations initiales
Les Éditions du Lombard, qui nous accompagnent depuis plusieurs années, nous font régulièrement le plaisir de nous envoyer les albums que nous leur demandons. Et, parfois, ils nous envoient également des albums que nous n’avons pas encore repérés… comme ce Là où dorment les géants.
Synopsis
Avant d’entrer dans le vif du sujet, signalons que l’auteure, Maurine Mazars, s’est fait connaître avec un autre album, Tanz !, que nous avions également reçu et chroniqué.
Malo, jeune herboriste, perd son père, un Alchimiste. Mais elle constate qu’elle a également perdu… son nombril. Elle dit à un moment « Quand il est mort, une partie de moi s’en est allée avec lui »… au sens littéral ?
Toujours est-il qu’elle décide de se mettre en route, vers Là où dorment les géants, qui pourrait désigner Nix Alba, l’endroit, dans les montagnes, où sont formés les Alchimistes. Mais un chemin, ce sont des lieux, des rencontres, des difficultés et de grands bonheurs, avec, parfois, au bout, ce que l’on cherche. Ou autre chose…
Avis
Je vais finir par me demander si j’ai un problème avec cette auteure. J’avais eu du mal avec Tanz ! parce que le sujet me laissait à distance de l’histoire, même s’il y avait plein de choses intéressantes dans cette bande dessinée.
Ici, ce n’est pas le sujet mais les dessins. Parfois faussement naïfs, parfois elliptiques, avec des variations de couleurs que je ne comprends pas. Bref, en tout cas, je ne recommanderai pas cette bande dessinée en mettant en avant le fait que je trouve les dessins fantastiques… Sur certaines pages, on à l’impression d’une forte inspiration dans les trésors de l’art africain ou maori, avec, presque, des masques ; parfois on a des planches très noires et volontairement simplistes ; parfois il y a une explosion de couleurs et de formes assez déstabilisante. Et pourtant certaines planches sont magnifiques, parce que leur poésie me parle… mais pour l’essentiel, je n’ai pas adhéré.
L’histoire, en revanche, est intéressante. Pas forcément dans sa dimension littérale – une fille qui part à la recherche de son nombril… bon, soit, il y a sans doute une métaphore psychanalytique derrière cela -, mais dans ce qu’elle dit sous la forme d’un conte de la recherche d’identité, du lien parent/enfant, de la façon dont on forge sa propre personnalité à la fois au travers de l’exemple mais également des déceptions que nos modèles adultes nous procurent…
Malo part donc à la recherche de son père. Qui était Alchimiste. Mais qui sont donc ces Alchimistes ? Quel est leur rôle, quelle est leur vision du monde ? Malo l’ignore, mais elle recherche ses racines. Pour s’ancrer. Mais est-ce réellement ce qu’elle veut, ou ce que la société lui dit qu’elle doit vouloir ?
Cette jolie réflexion m’a retenu dans cette histoire même quand ls dessins me tenaient à distance. Mais j’invite toutes celles et tous ceux qui s’intéressent aux racines à lire cet album, et à se faire leur propre idée !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

