Bandes dessinées, Histoire, Historiques

La Trilogie berlinoise – La Pâle figure

Chronique de La Trilogie berlinoise – La Pâle figure, de Pierre Boisserie et François Warzala, à partir du roman de Philip Kerr.

« Quand je l’ai vu sapé par le libéralisme pendant le régime de Weimar, j’ai cru que le national-socialisme allait restaurer le respect et l’ordre dans ce pays.

Et au lieu de ça, c’est devenu pire que jamais depuis que la Gestapo est tombée sous la coupe de Himmler et Heydrich… »

Pierre Boisserie et François Warzala, La Trilogie berlinoise – La Pâle figure, Les Arènes, 2025, p. 7.

Motivations initiales

Si vous avez lu Philip Kerr et adoré les aventures de son héros récurrent, Bernie Gunther, que vous avez aimé également le premier tome de La Trilogie berlinoise en bande-dessinée, aucune raison valable ne peut vous détourner de ce deuxième album… dont j’indiquais dans la chronique du premier opus que nous ne le voyions pas arriver. Eh bien c’est désormais chose faite, puisqu’il est effectivement sorti en avril 2025. Avis, donc, aux amateurs…

Synopsis

Le premier tome se déroulait, comme dans la trilogie initiale de Philip Kerr, en 1936. Nous voilà désormais en 1938 alors qu’Hitler et ses affidés sont solidement accrochés au pouvoir, que l’Autriche a été annexée et que la France et l’Angleterre, représentées par Daladier et Chamberlain, s’apprêtent à abandonner les sudètes à l’appétit des nazis.

À Berlin, la population reste relativement calme vis-à-vis des juifs. Quelques vitrines sont bien fracassées, de ci, de là, mais c’est en général l’action de quelques hommes avinés pris dans l’euphorie du moment.

Mais certains allemands, notamment dans d’autres villes plus extrêmes, n’hésitent pas à avancer leurs pions. La disparition de plusieurs jeunes filles au profil clairement aryen est l’occasion d’accuser les juifs de les sacrifier pour des rituels, boire leur sang… et toutes ces choses affreuses que l’on peut imaginer. Leurs corps suppliciés sont retrouvés.

Face à cette situation, Arthur Nebe, puis Heydrich, en sont convaincus : il faut que Bernie Gunther revienne à la Kripo (police criminelle), même si, pour cela, il faut lui mettre un peu la pression…

Avis

J’avais signalé, dans la chronique consacrée au premier tome, le fait que les auteurs, scénariste et dessinateur, sont largement fidèles à l’original. Sans surprise, cela reste le cas pour ce deuxième opus. Il y a un seul point que je n’avais pas en tête (mais ma lecture de l’original remonte à… elle remonte !), c’est le sexisme et, surtout, les propos clairement homophobes. Alors, quand ce sont des SS qui les tiennent, je n’irais pas jusqu’à dire que ce soit une surprise. Mais je n’avais pas le souvenir que c’était aussi marqué, y compris chez Bernie Gunther.

Les luttes internes au sein de l’appareil nazi sont de plus en plus claires, mais, loin de simplifier la vie, cela complique au moins celle de Bernie, qui se retrouve toujours pris entre deux tendances, entre deux ambitions, entre deux volontés de puissance.

On observe l’évolution d’une société dans laquelle chacun cherche à tirer son épingle du jeu, et de « faire avec » les outrances du pouvoir. Les histoires individuelles s’entremêlent avec la grande Histoire, broyant au passage des existences, pendant que ceux qui semblent s’en sortir le mieux semblent être les milieux interlopes autour du pouvoir politique ou économique – les salons de massage d’Evona Wilezynska  semblent ainsi tourner à plein régime…

Bref, ce deuxième opus reste efficace, on sent la progression vers le conflit et vers les exactions massives à l’encontre des juifs. Vivement, donc, le troisième et dernier volet de cette trilogie, qui reprendra la trame de Un requiem allemand

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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