Chronique de Un lundi parfum matcha, Michiko Aoyama.
« Le Café Matcha ? C’est une blague ? J’étais déconcertée par cet écriteau peu soigné, lorsque la porte s’est ouverte. Un homme de petite taille a passé la tête par l’embrasure. »
Michiko Aoyama, Un lundi parfum matcha, Éditions J’ai Lu, 2024, p. 13.
Motivations initiales
Parfois, j’ai besoin de mettre le temps sur pause et de passer en mode « slow life« . Et quoi de mieux pour cela qu’un peu de littérature japonaise ?
Synopsis
À Tokyo, niché entre deux ruelles discrètes, le Café Marble n’a rien d’un lieu ordinaire. Derrière ses vitres embuées et ses cerisiers qui murmurent au rythme des saisons, se cache un havre suspendu où le thé matcha ne se boit pas simplement… il soigne.
Ce lundi-là, son énigmatique propriétaire organise une dégustation toute particulière. Au menu : quelques grammes d’amertume verte et beaucoup d’humanité. Les convives ? Une commerciale à bout de souffle depuis le Nouvel An, une cheffe d’entreprise oubliant ses racines, une grand-mère rongée par un silence douloureux.
Et pendant que les tasses se vident et que les confidences infusent, un chat immaculé observe, impassible. Car ici, les âmes blessées trouvent parfois ce qu’elles ne cherchaient plus, un peu de chaleur, de paix, et ce parfum discret de renaissance.
Avis
Derrière la porte du Café Marble, au cœur de Tokyo, des vies ordinaires se croisent. Une commerciale malchanceuse, une grand-mère fâchée avec sa petite-fille, une entrepreneure trop pleine d’elle-même… Ce sont des femmes cabossées, usées, un peu perdues. Et dans cet endroit hors du monde, autour d’un bol de thé matcha servi avec bienveillance, elles trouvent un espace pour déposer leurs fardeaux respectifs.
Le roman alterne les voix et les parcours — ce qui est à la fois sa force et, pour moi, sa petite faiblesse. J’ai toujours un peu de mal avec les récits choraux : on s’attache, puis on passe à autre chose. J’ai parfois eu envie de rester plus longtemps avec certains personnages, de creuser leurs failles, leurs silences. Ce format fragmenté laisse forcément un goût d’inachevé, comme un haïku qu’on n’aurait pas fini de lire.
Mais il faut reconnaître que Michiko Aoyama sait créer une atmosphère. C’est simple, délicat, parfois mélancolique, mais jamais plombant. Le rythme est lent, oui — et c’est exactement ce que j’attendais. Un roman qui met le temps en pause, qui donne envie de ralentir, d’observer les détails, de savourer. Un livre slow life dans le meilleur sens du terme.
Les touches de culture japonaise sont légères mais présentes : les cerisiers, le thé, le chat blanc silencieux, les gestes infimes qui prennent tout leur sens. Rien n’est appuyé, rien n’est spectaculaire, et c’est ce qui fait le charme de ce roman. Il nous rappelle que, parfois, il suffit d’un lieu calme et d’une tasse chaude pour faire renaître quelque chose en soi.
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

