Chronique de Sherlock Holmes contre Arsène Lupin – La quête d’éternité, de Roger Vidal et Denis-Pierre Filippi.
« – Monsieur Holmes, êtes-vous sûr que la situation soit sous contrôle ? Les collections qui sont exposées ce soir sont inestimables, sans parler des invités ici présents. Ce fameux Lupin a semble-t-il échappé de nombreuses fois à la police française ainsi qu’à votre frère, parait-il.
– Je ne suis ni la police française, ni mon frère. »
Roger Vidal et Denis-Pierre Filippi, Sherlock Holmes contre Arsène Lupin, Éditions du Lombard, 2025, p. 30.
Motivations initiales
Les Éditions du Lombard nous ont fait la joie de nous adresser cet album – mille mercis à eux ! Occasion, pour moi qui suis fan d’Arsène Lupin, de découvrir dans quelle aventure Roger Vidal (dessins) et Denis-Pierre Filippi (scénario) ont eu envie de placer ces deux personnages mythiques…
Synopsis
D’un côté de la Manche, le génie anglais de la lutte contre le crime, est sollicité par Mycroft, son frère, pour empêcher un vol pendant le transport en train entre Douvres et Londres. Derrière cette opération, une organisation : Moriarty. Finalement, après avoir prêté son concours, Sherlock découvre que le « butin » est, en réalité, une jeune femme qui se présente comme la comtesse de Cagliostro, fille de Joseph Balsamo… et qui devrait donc avoir 119 ans.
De l’autre côté, à Paris, Arsène Lupin et une complice s’emparent, à la Bibliothèque de l’Arsenal, de divers ouvrages anciens… pour découvrir finalement que leur repaire (un charmant manoir) a été entièrement vidé pendant leur absence. Seule demeure une carte, signée Moriarty, qui leur lance un défi. Qui les incite à prendre la direction de Londres.
La comtesse de Cagliostro, si c’est bien elle, n’a que deux indices à donner aux autorités policières : un lieu, le British Museum, où doit justement être inaugurée une exposition de bijoux anciens, le soir même, et un nom, celui d’Arsène Lupin. Un imposant dispositif de sécurité est donc mis en place pour faire pièce au gentleman-cambrioleur…
Mais les deux hommes vont, ce soir-là, constater qu’ils se sont tous les deux faire balader par la comtesse… et qu’ils n’ont d’autre choix que de collaborer, contre toute attente !
Avis
Ce qui est particulièrement malin, dans cet album, c’est précisément d’avoir contraint les deux hommes à collaborer, ce qui, on l’imagine bien, ne tombe pas sous le sens, ni pour l’un, ni pour l’autre. Cela amène de fait à une sorte de compétition réjouissante, chacun tenant d’impressionner l’autre, par ses déductions ou par son audace. Leur complémentarité, précisément parce qu’ils sont profondément différents, est à la fois plaisante à observer, et efficace dans l’histoire.
Mais leur adversaire n’est pas en reste, et parvient à conserver une longueur d’avance. La lutte est donc de haut niveau !
Et après Paris et Londres, Rennes, le château d’Apigné, Venise, puis sur un bateau en route vers une destination inconnue… tous ces lieux sont ceux où nous emmènent les deux auteurs.
Ce qui est à la fois agréable et très bien fait, c’est que l’on retrouve à la fois l’ambiance des romans de Conan Doyle, et de ceux de Maurice Leblanc. Mais les deux hommes, malgré leur sagacité légendaire, se font tout de même avoir… il faut dire que ce n’est pas tous les jours que l’on a pour adversaire quelqu’un du calibre de la comtesse de Cagliostro…
La lutte d’influence entre les deux hommes, qui est doublée d’une forme de respect réciproque, est très agréable à suivre. Si je devais émettre une critique, ce serait à peine un bémol : autant la façon dont Roger Vidal représente Sherlock Holmes correspond à la façon dont je l’imaginais, autant c’est moins le cas pour Arsène Lupin. Mais, vous le voyez, c’est vraiment de l’ordre du détail.
Alors n’hésitez plus : que vous soyez plutôt deerstalker, cape Inverness et pipe, ou chapeau haut-de-forme et monocle, cet album est fait pour vous !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

