Chronique de …Et avec votre esprit, de Alexis Laipsker.
« Sans le laisser parler, Simon demanda :
– Avez-vous fait le transfert de Natrin ?
– Je… Non, c’est programmé pour midi pile…
– Annulez tout ! »
Alexis Laipsker, …Et avec votre esprit, Éditions Pocket, 2021, p. 429.
Motivations initiales
Ma découverte 2025, c’est sans aucun doute l’auteur de polar Alexis Laipsker. Depuis que j’ai commencé, impossible de m’arrêter, je les enchaine tous !
Synopsis
Un professeur Prix Nobel retrouvé sauvagement assassiné, son crâne littéralement vidé de son contenu. Quelques jours plus tard, un brillant physicien disparaît sans laisser de trace. Entre Strasbourg et Lyon, les plus grands esprits semblent devenir la cible d’un prédateur inconnu… mais terriblement méthodique.
Pour le lieutenant Vairne, esprit aussi analytique qu’obsessionnel, impossible de croire au hasard. Derrière ces actes barbares, il pressent une logique froide, presque mathématique. Et peut-être même… une forme de message.
Mêlant science de haut niveau, citations métaphysiques et scènes d’une violence glaçante, ce thriller haletant nous entraîne dans une enquête où la frontière entre rationalité et fanatisme devient de plus en plus floue. Quand la foi se mêle à la biologie, et que la science devient un terrain de chasse, jusqu’où ira la folie humaine ?
Avis
Il y a des thrillers qui misent tout sur le rythme, d’autres sur la complexité de l’intrigue, et certains sur le frisson brut. Ce roman, lui, choisit un angle un peu plus rare : celui de l’intelligence – au sens propre. Et c’est sans doute ce qui m’a le plus intriguée et poussée à tourner les pages.
Dès la première scène, le ton est donné : un Prix Nobel retrouvé vidé de son cerveau, un meurtre atroce dans une faculté, une citation métaphysique en guise de signature… Puis un autre scientifique disparaît. Très vite, l’ambiance devient étrange, presque clinique. L’enquête prend la forme d’un casse-tête, et c’est ce que j’ai adoré : on est plongé dans une atmosphère glacée, rationnelle, presque obsessionnelle – comme le lieutenant Vairne, héros à l’esprit mathématique et au flair statistique.
L’auteur joue avec les codes du thriller scientifique, et le fait bien. On sent la documentation, la volonté de donner de la consistance aux faits, aux disciplines évoquées, à la manière dont les idées scientifiques peuvent parfois nourrir des délires fanatiques. C’est original, ça change. Et certaines réflexions sur la science, la foi, le sens de la connaissance sont réellement passionnantes.
Mais… le rythme m’a parfois semblé déséquilibré. Après un début très prometteur, l’enquête ralentit, s’étire par moments, et certaines scènes auraient gagné à être resserrées. De plus, certains personnages secondaires manquent un peu de profondeur – comme des pions au service de l’intrigue, mais sans vraie personnalité.
Enfin, la fin m’a laissée sur ma faim : un peu trop rapide, un peu trop “résolue” pour un récit qui avait pris tant de soin à brouiller les pistes. J’aurais aimé un dernier retournement, quelque chose d’encore plus audacieux.
Bref, ce n’est pas celui que j’ai préféré de l’auteur !

