Roman noir, Thrillers

Le Baptême des ténèbres

Chronique de Le Baptême des ténèbres, de Ghislain Gilberti.

« Pour mémoire, un psychopathe est conscient de la différence entre le bien et le mal, il est donc tout à fait lucide quant à ses actes et, par conséquent, pénalement responsable. Il n’a que très peu, voire pas du tout d’empathie. La plupart savent simuler des sentiments pour s’intégrer socialement, mais ce n’est que du théâtre. A contrario, les psychotiques sont atteints d’une pathologie mentale bien réelle. Ils ne sont pas vraiment conscients de leurs actes : ils peuvent même ne pas se rendre compte de ce qu’ils font dans l’instant. »

Ghislain Gilberti, Le Baptême des ténèbres, La Mécanique Générale Éditions, 2017, p. .

Motivations initiales

Quand vous vous apprêtez à ouvrir un livre de Ghislain Gilberti, vous savez ce que vous venez chercher, et vous savez que vous ne serez pas déçus : ce sera gore, noir, il se peut même que certaines images vous hantent la nuit… Alors, évidemment, si vous êtes plutôt cosy mistery, ce livre n’est clairement pas pour vous…

Synopsis

Cécile Sanchez – que l’on avait déjà vu à l’œuvre dans d’autres livres de Ghislain Gilberti -, directrice de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), ne le sait pas encore, mais il va lui falloir déployer toute l’étendue de son talent pour venir à bout d’un meurtrier sadique. Ses victimes : de jeunes femmes dont la ressemblance physique est frappante, sont torturées avec une brutalité sans nom. Les paupières découpées, les yeux retirés des orbites, un sourire macabre formé par la prolongation des lèvres jusqu’aux oreilles… et, surtout, empalées à l’aide d’une lame à double tranchant d’une trentaine de centimètres. Le tout, pratiqué ante mortem, pour mieux profiter de la souffrance de ses victimes. Une, puis deux, trois, quatre, cinq, six victimes, avec une modification progressive du mode opératoire, de plus en plus brutal, la lame servant à l’empalement étant finalement remplacé par un véritable pal, comme Vlad l’empaleur en utilisait…

Relativement rapidement, le coupable présumé est identifié. Mais le plus difficile reste à accompalir : parvenir à l’interpeler. En effet, Cécile Sanchez comprend rapidement qu’il a probablement, depuis longtemps, appris à évoluer, se déplacer, et, pour tout dire, se dissimuler, dans les souterrains et autres galeries souterraines qui percent le sous-sol de la région parisienne. Mais, pas le choix, il va falloir aller le chercher sur son terrain…

Avis

Disons le d’emblée : ce livre, c’est du Gilberti pur jus, noir, intense, glacial, torturé, avec des scènes que l’on préfère ne pas totalement imaginer. La référence évoquée sur la cover et en 4e de couverture, avec laquelle est établi un parallèle, c’est Seven. Quoi que l’on puisse penser des « comparaisons » notées sur les couvertures d’ouvrages, on voit que l’on a placé la barre haut.

Cécile Sanchez s’en donne à cœur joie dans cette enquête, si vous me passez l’expression. Elle démontre toute sa capacité à entrer en résonance, en quelque sorte, avec l’esprit tordu de son adversaire. Mais, on s’en doute, il y a un prix à payer pour cela…

Les scènes dans les souterrains – je ne veux pas trop spoiler, je préfère donc ne pas en dire trop – sont, proprement, irrespirables. Nous avons beau être, nous, en surface, on sent la chape de plomb et le poids des tonnes de terre au-dessus de nous. Attention, si vous avez la moindre tendance à la claustrophobie, il n’est pas exclu que vous ayez du mal avec toute la fin du livre…

J’ai déjà eu l’occasion, dans une autre chronique d’un livre de Gilberti, d’exprimer mon malaise quant à la maison d’édition et à certains des auteurs qu’elle publie, je n’y reviendrai pas, même si c’est toujours d’actualité. J’avais également, pour, me semble-t-il, le troisième tome de la trilogie, signalé de nombreuses coquilles, des mots manquants, soulignant un probable manque de relecture… Et je retrouve malheureusement cela, heureusement plus ponctuellement. Mais, page 213, deux coquilles s’enchaînent, avec, en ligne 13, « Le numéro 7 de la rue du Capitaine-Ferber est vaste une maison divisée en appartements qui, de l’extérieur, ne manque pas de charme », suivi de près, quatre lignes plus loin, par une faute d’accord : « Passé l’interphone, le hall en marbre et l’escalier en bois vernis, Cécile se retrouve au troisième étage… ». Et, surtout, plus tôt dans le récit, il faudra m’expliquer comment, lorsqu’il se trouve face au cadavre d’une jeune fille dont on nous dit, en page 118, qu’elle a été, comme les autres victimes, été énuclée, il est possible que l’on nous décrive (page 111) le médecin légiste qui « … fait le tour du corps et dégage un des yeux de la mousse sanguinolente qui le recouvre pour indiquer le blanc de l’oeil couvert de veinules éclatées. Le globe oculaire semble prêt à sortir de son orbite ». Un globe oculaire qui semble prêt à sortir de son orbite dans un visage énucléé… j’ai du mal.

Mais ne boudons pas notre (sanglant) plaisir. L’histoire est percutante, elle fait froid dans le dos, et c’est tout à fait ce que l’on vient chercher en lisant ce type de livre. Ghislain Gilberti sait appuyer là où ça fait mal ; il parvient parfaitement – et cela aussi, c’est glaçant – à camper des personnages dont le profil psychologique est tout à fait effrayant, sans qu’on puisse déceler la moindre incohérence. Bref, encore de la belle ouvrage…

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur initial (en 2014) (le site des Éditions La Mécanique Générale, qui faisait partie de la galaxie des Éditions Ring, ne semble plus accessible).

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