Aventures, Policiers

Le Crime du bon nazi

Chronique de Le Crime du bon nazi, de Samir Machado de Machado.

« Fidèle à l’esprit nationaliste de son temps, l’expérience culinaire que proposait à bord de ses dirigeables la compagnie Luftschiffbau Zeppelin n’offrait pas le meilleur de la gastronomie mondiale, mais le meilleur de la gastronomie allemande. Laquelle, soit dit en passant, n’a jamais été connue pour sa légèreté et sa succulence, même s’il faut lui reconnaître le mérite d’avoir suscité chez son peuple un questionnement permanent sur le sens de l’existence, contribuant à former plusieurs générations d’éminents philosophes. »

Samir Machado de Machado, Le Crime du bon nazi, Denoël, 2025, p. 18.

Motivations initiales

Ce livre nous a été prêté, à l’occasion de la période des congés. Nous ne l’avions pas vu passer, c’était donc l’occasion…

Synopsis

À bord du célèbre dirigeable de la compagnie Zeppelin, LZ 127 Graf Zeppelin, en 1933. Effectuant la rotation entre Berlin et Rio de Janeiro, l’appareil est piloté par le tout aussi célèbre Hugo Eckener – c’est lui qui a effectué la première traversée de l’Atlantique, ainsi que le premier tour du monde avec cet appareil -.

Parmi les passagers, à cette occasion, une baronne autrichienne, un médecin eugéniste allemand, un dandy britannique, un importateur de café et un inspecteur de la Kriminalpolizei. Pendant le repas qu’ils partagent, la conversation est toute trouvée : les mérites de celui qui est récemment arrivé au pouvoir en Allemagne, Adolf Hitler. L’inspecteur, ainsi que l’acheteur de café, d’ailleurs, portent au revers de leur veste une croix gammée, alors que le médecin arbore la même petite moustache que le nouveau dirigeant du Reich.

Mais, le lendemain matin, l’importateur de café est retrouvé mort, empoisonné au cyanure. Suicide ? Meurtre ?

Hugo Eckener, le pilote du dirigeable, sollicite l’aide de l’inspecteur de police. Il faut dire que non seulement cela pourrait nuire à la réputation de l’entreprise, mais, en plus, compliquer les démarches administratives avec les autorités brésiliennes. Et puis, Hugo Eckener ne fait pas mystère de sa détestation pour les nazis… ce n’est pas le moment d’attirer l’attention…

Avis

Ce livre nous propose une enquête somme toute très classique, comme une transposition du Crime de l’Orient-Express dans un cadre pratiquement aussi prestigieux, le LZ 127 Graf Zeppelin ! Sans doute faut-il voir là un lien avec le fait que Samir Machado de Machado est, entre autres, le traducteur brésilien de Conan Doyle : ce type de littérature n’a probablement guère de secrets pour lui !

Nous sommes donc dans un espace confiné, avec un cadavre, et cinq suspects principaux : ls quatre convives avec lesquels il a partagé son dernier repas, et le maître d’hôtel.

Rapidement, l’enquête prend un tour inattendu, et qui pourrait expliquer la nervosité dont la victime a fait preuve la veille au soir, lorsque l’anglais, par taquinerie, avait émis l’hypothèse qu’il pouvait être juif… En effet, on retrouve dans ses affaires deux passeports, celui correspondant à l’identité sous laquelle il a embarqué – Otto Klein, de Munich -, mais également un autre, au nom de Jonas Schmuel Kurtzberg, photographe à Hambourg. Et, visiblement, proches des milieux homosexuels.

Avec cette micro-société proche des nazis, il faut s’attendre à ce que la mort d’un juif ayant fait commerce de photos d’hommes essentiellement nus – dont, il faut le préciser, le neveu de la baronne – ne soit pas vécue comme un drame. Mais il arrive que les apparences soient trompeuses.

Sous ses aspects très classiques – et, en effet, je n’ai guère eu de peine à deviner certains éléments du dénouement (attention, spoiler !) : en l’occurrence, le moment de l’empoisonnement et le coupable -, cette histoire propose un twist sympathique. Ce n’est pas, vous l’aurez compris, révolutionnaire, mais ça fonctionne plutôt bien, faisant de l’ensemble une lecture parfaitement récréative. Ce n’est tout de même pas si mal !

Alors, prêts à embarquer à bord de notre dirigeable ?

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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