Chronique de Rose in chains, de Julie Soto.
« Birony sentit son pouls s’accélérer en se rappelant brutalement que Toven était l’un des soldats les plus compétents de Mallow. Derrière ses bras réconfortants et son regard changeant, elle savait qu’il pouvait être aussi impitoyable que son père sur les champs de bataille. C’était un tueur. Elle l’avait vu de ses propres yeux. »
Julie Soto, Rose in chains, Bragelonne, 2025, p. 229.
Motivations initiales
Ce roman faisait le buzz depuis des mois sur le booktok américain, et je comprends enfin pourquoi. Je n’ai pas résisté à la tentation de découvrir cette histoire dont tout le monde parle, décrite comme une fanfiction sombre et magique. Je m’attendais à une lecture intense, et j’ai eu bien plus que ça : un univers envoûtant, des personnages puissants et une intrigue impossible à lâcher.
Synopsis
L’histoire nous plonge dans un monde où la magie n’est pas un don, mais une malédiction. Rose, l’héroïne, a grandi dans une société qui craint et rejette les porteurs de la “magie du cœur”, un pouvoir aussi rare que dangereux, capable d’influencer les émotions et les désirs. Après un drame, elle est envoyée dans une institution spéciale, un lieu à la fois école et prison, où ceux qui possèdent cette magie sont “formés” – ou brisés.
Là-bas, Rose découvre les autres élèves : des êtres abîmés, fascinants, parfois cruels. Parmi eux, un garçon taciturne, entouré de mystères, semble comprendre mieux que quiconque la part sombre qui sommeille en elle. Entre eux se tisse une relation faite d’attirance, de peur et de pouvoir, où rien n’est jamais simple.
Au fil des chapitres, on comprend que cette magie du cœur n’est pas qu’un concept poétique : elle agit sur les sentiments, déforme la réalité, et met à l’épreuve les limites de la liberté et du consentement. Plus Rose s’attache, plus elle se perd. L’univers est sombre, presque gothique, mais traversé de moments de tendresse inattendus.
Avis
Attention, c’est de la dynamite !
J’ai trouvé ce roman totalement addictif. Rose in Chains est de ces lectures qui ne laissent pas indemne, qui dérangent parfois mais captivent toujours. J’ai trouvé fascinante la profondeur de la magie du cœur : ce concept, à la fois poétique et inquiétant, est une métaphore brillante de ce que signifie aimer, désirer, souffrir. On sent que chaque émotion est amplifiée, déformée, jusqu’à devenir presque palpable.
Rose est une héroïne complexe, bien loin de la figure naïve que l’on rencontre souvent dans les récits de fantasy romantique. Elle n’est ni parfaite ni toujours “bonne” — elle doute, elle échoue, elle se bat contre ce qu’elle ressent, contre ce qu’on attend d’elle. Cette dualité m’a énormément plu. Son évolution est lente, crédible, et profondément humaine.
Lui, de son côté, est un personnage tout aussi fascinant. C’est l’incarnation même du danger attirant : charismatique, ténébreux, cassé. Et surtout, il n’est pas idéalisé. Ce n’est pas un prince sauveur, c’est un survivant. La relation entre les deux vous tient en haleine : on navigue entre tension, passion et peur, avec cette impression constante que tout peut s’effondrer à chaque page.
L’univers, lui, est d’une richesse incroyable. On pense forcément à Harry Potter ou A Discovery of Witches pour le cadre académique et l’idée d’une magie codifiée, mais Rose in Chains s’en distingue par son ton beaucoup plus sombre, presque mélancolique. L’atmosphère est lourde, pleine de secrets, de douleur et d’interdits. Chaque décor, chaque dialogue semble chargé d’une intensité émotionnelle qui rend la lecture viscérale.
Mais au-delà du cadre fantasy, ce que j’ai trouvé particulièrement touchant, c’est le propos sous-jacent : la question du contrôle, du consentement, de la liberté de ressentir. La magie du cœur, c’est une métaphore magnifique et terrible à la fois. Elle parle de ces relations où l’on se perd, de ces émotions qu’on voudrait maîtriser sans jamais y parvenir. Le roman explore la part obscure de l’amour avec une lucidité rare, sans tomber dans le pathos.
Et puis, il y a la plume. Dense, rythmée, sensuelle. Les mots vibrent, chaque phrase semble écrite pour faire ressentir. On vit l’histoire avec les personnages, on respire leur peur, leur désir, leur colère. Par moments, j’ai dû poser le livre juste pour reprendre mon souffle. C’est cette intensité-là qui fait toute la force du texte.
En refermant Rose in Chains, j’ai eu cette impression rare d’avoir vécu quelque chose plutôt que simplement lu une histoire. Une expérience immersive, passionnelle, un peu douloureuse aussi. C’est un roman qui parle à nos instincts, à nos blessures, à ce qu’on cache derrière nos propres chaînes. Et c’est peut-être pour ça qu’il fascine autant : parce qu’il nous tend un miroir.
Alors, convaincu(e) ?!?
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