Aventures, Science-fiction

Briser les os

Chronique de Briser les os, de Cassandra Khaw.

« Une accalmie, de l’eau limpide un jour de ciel bleu dégagé, la beauté, l’espoir. De la glace dans mes veines, la peur, la terreur, quelque chose d’impur et d’étrange. Cela nous appelle, McKinsey et moi.

Les tentacules se figent, hypnotisés. »

Cassandra Khaw, Briser les os, Éditions Argyll, 2025, p. 85.

Motivations initiales

Il vous est forcément arrivé que votre libraire vous dise « ah, ça, il n’y a pas à discuter, il faut que vous le lisiez ». Eh bien, voilà : ça ne se discutait pas !

Synopsis

John Persons est détective privé. Mais il semble, très rapidement, ne pas être que cela. Il a, visiblement, des capacités très particulières, comme la capacité à sentir des odeurs qui ne sont pas perceptibles au commun des mortels.

Il ne semble pas du genre à s’en laisser compter. Mais, visiblement, il n’est pas prêt à ce qui lui arrive le jour où Abel, 11 ans, débarque dans son bureau. Avec une demande très précise. Il veut embaucher John Persons pour tuer son beau-père. Parce que c’est un monstre, un vrai. Il est prêt à payer, il a amené sa tirelire…

Le détective, devant le mélange de sérieux, d’audace et de tristesse infinie du gamin, n’a pas d’autre choix. Mais quand on combat un monstre – et John Persons est un expert -, le risque, c’est de soi-même se laisser déborder…

Avis

Avant de parler de ce livre en particulier et de ce récit, j’ai d’abord envie de souligner que j’apprécie tout particulièrement l’initiative de ces maisons d’édition qui, depuis peu, créent des collections destinées à publier des novellas, ou des récits qui sortent des « critères » habituels. Je pense au Bélial, avec la collection Une heure lumière ; et cela vaut également pour la collection RéciFs, dans laquelle est édité ce livre, par Argyll. Merci de sortir du schéma de ces pavés qui n’en finissent pas qui sont devenus la norme dans les littératures de l’imaginaire…

Mais venons-en à ce Briser les os. L’idée de départ est, disons-le, carrément géniale. Avec ce gamin qui vient commanditer un meurtre moyennant le contenu de sa tirelire, sincèrement, comment ne pas adhérer d’emblée ?

Sous ses dehors inoffensifs, ce petit livre nous embarque pour une sacrée traversée. Ce beau-père toxique, abusif, qui frappe la mère d’Abel et James et la fait vivre sous la menace de ses accès de violence, d’où sort-il ? Tout comme, dans un tout autre genre, Sasha, la serveuse d’un petit restaurant du quartier, qui ne semble pas non plus n’être que ce qu’elle parait.

Le récit est puissant, plus proche du coup de poing que de la caresse. Il y a une forme de poésie, mais une poésie qui sonne comme une matraque, qui fait, comme dans la dernière phrase du livre, « un ra-ta-ta-ta confiant, comme la musique de marteaux en train de briser des os ».

Le parallèle avec Lovecraft, proposé en 4e de couverture par Lavie Tidhar, est en effet assez parlant. Les monstres de Cassandra Khaw sont en effet tout en yeux, en écailles, en craquelures, en tentacules. Mais aussi en dissimulation, en masques, en puanteur. Et John Persons n’échappe pas à cela, lui qui occupe un corps qui n’est pas le sien. D’ailleurs, et c’est intéressant, le détective est un monstre, lui aussi, mais un monstre gentil. Un monstre qui n’a pas envie de cocher les cases des habituelles dérives des monstres. Lui aussi arrive d’on ne sais où. Mais il est différent. Plus lâche, comme on le lui reproche ? Plus sentimental ? Plus individualiste ?

Ce récit, chacun peut le comprendre à sa façon, en fonction de ses propres valeurs, de ses propres blessures. Et c’est en cela que la fin est particulièrement intéressante, puisqu’elle rappelle à chacun, quelle qu’ait pu être sa propre interprétation, que les apparences peuvent être et sont souvent trompeuses…

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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