Chronique de Brûlez tout, de Christophe Molmy.
» Vous n’avez toujours pas capté ? Les IVG, la 5G, les politiques, les intellos et maintenant les affairistes. On s’attaque à des symboles. Tout ça, c’est le début d’une révolution. On la prépare depuis des années. Sans moi, vous ne pourrez pas les stopper. »
Christophe Molmy, Brûlez tout, Fayard, 2025, p. 229.
Motivations initiales
Lorsque j’ai ouvert Brûlez tout, je n’attendais pas seulement un polar efficace : je cherchais un texte capable de dialoguer avec notre époque, de sonder les fractures sociales et la puissance inquiétante des réseaux. Christophe Molmy a cette acuité singulière, probablement héritée de ses années au sein de la police judiciaire, qui lui permet de raconter non seulement une intrigue, mais un pays en tension. Ce roman promettait un choc, et il l’a été. Une claque narrative, presque physique, tant l’histoire paraît plausible, presque contemporaine, comme si elle pouvait surgir demain au coin d’un fil d’actualité.
Synopsis
Une nuit, un incendie ravage la permanence d’un député. Le lendemain, un relais 5G explose. Quelques jours plus tard, c’est un essayiste influent qui est agressé, puis un avocat menacé de mort. À chaque attaque, la même revendication, la même signature : un groupe clandestin, insaisissable, orchestre une série d’actions violentes et les diffuse sur les réseaux sociaux, sous les yeux d’une France médusée.
Face à cette escalade, Sacha Letellier, flic à l’ancienne, écorché par un passé qu’il peine à dompter, se retrouve projeté dans un univers criminel qui dépasse les méthodes traditionnelles. Les coupables n’ont pas de visage, leur terrain de jeu est numérique, leurs actions ultramédiatisées deviennent virales en quelques secondes. Sacha doit avancer à l’instinct, seul fil auquel se raccrocher dans cette chasse à l’homme où la frontière entre insurrection et manipulation devient de plus en plus trouble.
Avis
Ce roman fonctionne comme une déflagration. Christophe Molmy y déploie une intrigue d’une précision chirurgicale, nourrie d’un réalisme glaçant qui rappelle que la fiction n’est parfois qu’un pas en avant de la réalité. L’auteur joue avec les peurs contemporaines — radicalisation, manipulation de l’opinion, dérives numériques — sans jamais tomber dans la caricature.
La grande force du récit réside dans son incarnation : Sacha Letellier, antihéros cabossé mais profondément humain, porte la tension du roman presque à lui seul. Son rapport au temps, son refus des compromis, sa façon d’interroger ce que la police devient à l’ère des réseaux sociaux donnent au texte une densité émotionnelle inattendue.
Le rythme est soutenu, presque haletant, sans sacrifier pour autant l’épaisseur psychologique. Chaque chapitre ajoute une strate au malaise grandissant, cette sensation que tout pourrait vraiment se produire ici et maintenant. Le roman questionne le pouvoir des images, la fascination collective pour la violence mise en scène et la fragilité de nos institutions face à un groupe déterminé à embraser le pays.
Brûlez tout est un polar intelligent, percutant, qui interroge autant qu’il divertit. On en ressort secoué, conscient que sous la fiction gronde une inquiétude bien réelle. Molmy réussit un roman contemporain, presque prophétique, qui transforme le lecteur en témoin d’un chaos possible.
À lire absolument !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.


Je l’avais déjà repéré mais là, il va passer en case pal !
J’aimeJ’aime