Fantasy

La petite boutique de sortilèges

Chronique de La petite boutique de sortilèges, de Sarah Beth Durst.

« Ils approchèrent de la porte d’entrée. C’était comme s’avancer vers la gueule d’une bête endormie. Elle était entrouverte, obstruée par des feuilles mortes. Kiera les écarta du pied et s’appuya contre la porte pour les pousser. Le battant grinça bruyamment, comme s’il n’avait pas bougé depuis des années, ce qui était tout à fait possible. »

Sarah Beth Durst, La petite boutique de sortilèges, Bragelonne, 2025, p. 21.

Motivations initiales 

Une amie ne cessait de me parler de ce roman, avec des étincelles plein les yeux. Vous savez, ce genre de recommandation impossible à ignorer. Alors, sans réfléchir, j’ai plongé dedans – pour en ressortir avec le cœur plus chaud.

Synopsis 

Kiela, gardienne discrète des ouvrages les plus précieux de la Grande Bibliothèque d’Alyssium, a toujours trouvé refuge entre les pages de ses livres plutôt qu’auprès des gens. Mais lorsque la révolution réduit la bibliothèque en cendres, elle fuit avec Caz, son assistant aussi loyal qu’inhabituel : une plante sentiente née de la magie.

Leur exil forcé les conduit sur l’île où Kiela a passé son enfance, un lieu qu’elle espérait ne jamais revoir. De retour dans la chaumière abandonnée de ses parents, elle découvre un village en perdition : l’empire a cessé d’aider les habitants, et la magie censée fertiliser les terres s’est retournée contre eux, semant le chaos.

Portée par un mélange d’instinct, d’espoir et de nostalgie, Kiela ouvre la toute première sortilègerie secrète de l’île, un atelier clandestin où elle crée des enchantements destinés à réparer, apaiser et protéger. Un geste dangereux, interdit, passible de mort. Mais un geste nécessaire.

Pour trouver sa place parmi ces villageois chaleureux et fantasques, elle devra apprendre bien plus que la magie : il lui faudra désarmer ses propres peurs, accueillir l’autre – et peut-être même l’amour, incarné par un voisin aussi curieux que troublant.

Avis 

Lire La Petite Boutique de sortilèges, c’est ouvrir une porte sur un univers qui réchauffe le cœur au premier souffle de page. Sarah Beth Durst compose son roman comme une recette de pâtisserie enchantée : un soupçon de magie, une pincée d’aventure, beaucoup de douceur, et ce quelque chose d’indéfinissable qui nous enveloppe et nous apaise.

Les descriptions ont le parfum des roulés à la cannelle encore tièdes, le rythme d’un thé fumant partagé sous une pluie d’étincelles, et l’émotion d’un retour à soi. Kiela, qui a toujours préféré l’ordre silencieux des livres au tumulte des relations humaines, est une héroïne comme on en croise peu : fragile, maladroite, tenace, profondément touchante. On la voit se déployer doucement, comme une plante cherchant la lumière après des années passées dans l’ombre.

C’est un roman d’apprentissage, mais aussi de réparation. Réparer les habitants. Réparer l’île. Réparer les bibliothèques et les cœurs brisés. Réparer ce que la magie a abîmé – et ce que l’on s’abîme soi-même en se retranchant trop loin du monde.

On y croise des personnages excentriques qui deviennent vite familiers, des sorts artisanaux qui ressemblent à des souvenirs qu’on attrape du bout des doigts, et une atmosphère cosymagique qui transforme la lecture en refuge.

Chaque page est un baume. Chaque dialogue, un sourire. Chaque scène, une manière de rappeler que la magie la plus puissante n’est pas dans les artefacts ou les grimoires, mais dans l’attention qu’on porte aux autres.

Un roman délicat, lumineux, enveloppant. Une pause sucrée pour l’âme. Et une invitation à croire que les petites choses – un gâteau, un sortilège, un geste tendre – peuvent changer un monde entier.

Vous prendrez bien une petite tasse de Cosy Fantasy ?

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

Laisser un commentaire