Chronique de Dans le ventre de Klara, de Régis Jauffret.
« Dans la femme grosse le bébé en souffrance est préservé de la douleur et des angoisses de la vie. S’il savait le monde qui le guette il s’accrocherait et nous aurions beau batailler nous ne parviendrions pas à le déloger. »
Régis Jauffret, Dans le ventre de Klara, Éditions Récamier, 2024, p. 222.
Motivations initiales
Le bouche à oreille fonctionne très bien pour moi… En effet, ce roman, c’est une collègue qui me l’a conseillé en me disant que « ça allait me plaire et surtout que ça soulevait énormément de questions ».
Synopsis
Klara veut donner à son mari, Oncle, de solides enfants qui feront sa fierté. Mais tout semble se liguer contre elle, ses enfants sont chétifs, fragiles et certains trouvent la mort rapidement. À force d’espérer, Klara tombe à nouveau enceinte mais, dès lors, elle se retrouve en proie aux doutes et à des questions incessantes. Et si l’enfant qu’elle porte était une vermine, un moins que rien ou, pire encore, un être effroyable ?
Avis
Glaçant… Voilà le mot qui résume le mieux l’ouvrage que nous propose Régis Jauffret. Glaçant tant par le sujet qu’il aborde – le récit de la grossesse de Klara Hitler qui porte dans son ventre le mal absolu – que par la façon dont cette grossesse nous est narrée. En tournant les pages, on assiste aux doutes quasi permanents qui habitent Klara Hitler pendant toute sa grossesse. En effet, la jeune femme, très perturbée, à bientôt la conviction qu’elle va mettre au monde « une vermine ». Rien d’étonnant, me direz-vous, pour cet enfant qui est le fruit d’un inceste…
Ces neuf mois ne sont donc pas un long fleuve tranquille pour la future mère, avec en toile de fond l’importance de la religion – qui, rappelons-le, structure encore la vie quotidienne de l’époque – et le rôle majeur du prêtre de la paroisse, dont les avis sont des ordres. Le lecteur vit, comme s’il était le confident de la jeune femme, cette violence quotidienne qui fait de chaque existence un chemin de croix. Le lecteur vacille en permanence entre la compassion et la révulsion face à la mère du monstre, et il n’aura aucun répit, aucune possibilité de reprendre son souffle !
C’est du grand art qu’offre ici à son lectorat Régis Jauffret. Un style maitrisé, des personnages très travaillés et tous atypiques, ce roman a tout pour plaire. Par son sujet et par l’ambiance qu’il crée, ce livre ne laisse pas indifférent, et contraint ses lecteurs à sortir des sentiers battus.
Dans le ventre de Klara est incontestablement l’une des pépites de cette rentrée littéraire de janvier 2024 ! A lire, assurément !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.


Je suis d’accord avec cette belle chronique !
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Un gros coup de coeur pour ce roman 🙂
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Frankie pain
En lisant quelques nouvelles
Je tombe sur vous après un livre de …
Et l article me propose d aller chez vous.
Et depuis 9h 30 je voyage dans vos chroniques.
Je suis émerveillée , je suis en grande convalescence venant de vivre l abandon du dernier des Mohicans de ma vie .
Je mets fin.
A ça.
La joie remonte au visage.
Comment faire changer les murs de son atelier quand le dehors est rare et en fauteuil roulant.
Reprendre mes romans . Les finir et partir vers l au-delà.
Chaque instant est surprise.
Et O Grimoire est une grande joie.
Merci de ce tonus
Cette efficacité pour nous faire vibrer avec si peu de mots
Le contenu qui ne soit pas un résumé.
Merci de votre talent de votre amour des mots et des auteurs
Merci a Vous et a votre binôme
A très bientôt.
Frankie Pain.
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Merci pour ce gentil commentaire, qui nous encourage à poursuivre le chemin que nous essayons de tracer ici, sans prétention particulière, si ce n’est celle de partager, en effet, notre joie de lire. Car même quand on n’aime pas un livre, parce qu’il n’était pas pour nous, ou pas lu au bon moment, il y a toujours matière à en retirer quelque chose. Alors, naturellement, si nous parvenons à vous faire partager l’évasion, l’émotion, la vibration, nous en sommes ravis !
À bientôt,
Les Ô Grimoiriens
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C’est terrifiant…
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