Chronique de Thorgal – T. 41 Mille yeux, de Frédéric Vignaux et Yann.
« Pas du tout ! Chasseur d’vipères, c’est une des plus honorables corporations du Lappland ! Les Hoggörmjegeren sont nomades : ils s’font payer très cher pour chasser ces serpents venimeux des régions où ils sont trop nombreux… Pour les débusquer, ils domestiquent les coqs noirs tetras, qui sont les ennemis féroces des vipères ! »
Frédéric Vignaux et Yann, Thorgal – T. 41 Mille yeux, Éditions du Lombard, 2023, p. 19.
Motivations initiales
Le monde de Thorgal, c’est près de 70 albums de bande-dessinée, depuis presque 50 ans… Et une quinzaine de ces albums sont déjà chroniqués ici. Alors, naturellement, quand les Éditions du Lombard nous font le plaisir de nous en envoyer un nouvellement paru, eh bien il a naturellement toute sa place ici…
Synopsis
Une nouvelle fois, Thorgal et Jolan se retrouvent sur un bateau, pris dans une tempête qui les drosse sur des récifs. Cette fois, ils sont accompagnés de Boréale – nouveau personnage de la saga, déjà évoqué dans le tome précédent – et de Sven. Le knörr – navire marchand à bordages à clin utilisé par les Vikings, particulièrement adaptés pour la navigation en haute mer – s’échoue et voici les survivants sur une sorte d’îlot particulièrement inhospitalier et, surtout, sans eau douce. Ils repèrent une île pas trop lointaine et Thorgal part l’explorer.
Là, il est fait prisonnier par un groupe d’hommes qui le prennent pour un braconnier. Leur chef, l’haersir Oksekog – aussi inhospitalier que l’îlot signalé précédemment – exige qu’il aille récupérer un bloc d’une certaine pierre, dont la légende dit qu’elle serait tombée d’Asgard, et qui se trouverait dans la grotte de la déesse Skaedhi… mais dont aucun des guerriers qu’il a envoyé n’est revenu.
Thorgal parviendra-t-il à échapper aux divers dangers qui le guettent dans cette aventure, et à sauver les siens ?
Avis
Le tome précédent, nous l’avions signalé, était très « science-fictionnesque ». On retrouve ici le monde habituel dans lequel Thorgal évolue généralement. On en profite pour en apprendre un peu plus sur Boréale, astrophysicienne atlante, spécialiste de nanosciences et de mécanique quantique. En effet, Jolan et Boréale, restés sur l’îlot en attendant le retour de Thorgal, n’ont guère mieux à faire, une fois débarrassés des crabes et des fulmars qui les attaquaient, et s’abritant tant bien que mal de la tempête qui les empêche de dormir, que de se raconter leurs mondes respectifs.
Pendant ce temps-là, Thorgal se confronte, une fois encore, à la cruauté, à la bêtise, à l’appât du gain qui gangrènent les diverses sociétés qu’il rencontre. Ici, il fait la rencontre de Mýsla, une jeune « sorcière » formée à la chasse aux vipères rouges et qui, elle aussi, a eu maille à partir avec Oksekog. Partant du principe bien établi qui veut que « les ennemis de mes ennemis sont mes amis », Thorgal et Mýsla font alors cause commune.
Tout cela fonctionne bien, c’est du solide. Cette aventure ne restera peut-être pas comme la plus marquante de toutes celles de la série Thorgal, mais elle tient bien la route. La seule véritable interrogation, en refermant ce livre, tient à la structure de l’histoire, qui ne nous est pas racontée chronologiquement, mais, au contraire, avec une succession d’épisodes brefs qui nous projettent à des temporalités différentes de l’histoire. J’avoue qu’à un moment une interrogation m’est venue : les pages ont-elles été mélangées au moment de monter l’album ? Le principe du flash-back et le fait d’organiser des déplacements dans le temps n’est pas en soi une innovation, on retrouve cela régulièrement, mais, ici, d’abord cela m’a semblé particulièrement marqué, sans que l’histoire le nécessite réellement. Il ne me semble pas que le récit aurait été moins palpitant s’il avait été présenté chronologiquement.
Alors, serez-vous du voyage pour aller, vous aussi, récupérer les cristaux que sont devenus les « mille yeux de Skaedhi » ? Ce voyage est évidemment déconseillé à toutes celles et tous ceux qui souffrent du mal de mer (trigger warning !), il est rare qu’une traversée avec Thorgal ne rencontre pas la route d’une tempête…
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

