Chronique de RIP – T. 1 Derrick, de Gaet’s (dessins Julien Monier).
« Tu veux savoir ce que je fous de mes journées.
Attends un peu que je te raconte.
Ça vaut pas un cachou ma vie, mais je suis prêt à parier que tu tiendras pas jusqu’au bout. »
Gaet’s (dessins Julien Monier), RIP – T. 1 Derrick, Éditions Petit à Petit, 2018, p. 21.
Motivations initiales
Une série qui fait partie des coups de cœur de La Griffe noire, et que beaucoup de lecteurs encensent sur les réseaux… forcément, nous y jetons un œil. Évidemment, nous nous retrouvons alors pris entre deux impulsions : aller voir de quoi il retourne, ou laisser passer la vague parce que trop de buzz tue le buzz. Pour cette fois, la balance a penché du côté du « allons-y voir ». Et, désormais, ce premier tome est sorti de la PAL…
Synopsis
Derrick est un drôle de type, qui exerce un drôle de métier. Lui qui, petit, rêvait d’être vétérinaire et de vivre entouré d’animaux, avec une passion précoce pour les insectes, une partie seulement de ses rêves se sont réalisés. En effet, il exerce un métier qui le met régulièrement au contact d’insectes… mais pas précisément dans le contexte qu’il avait pu imaginer.
Derrick, avec quelques collègues, intervient en effet dans les maisons de personnes décédées, parfois de mort naturelle, parfois de mort violente, avant les autorités. En général, ce sont les voisins, ou un membre des forces de l’ordre, qui transmettent l’information moyennant une petite enveloppe… L’objectif est de récupérer les objets de valeur, les bijoux, les œuvres d’art, les bibelots, les livres… qui seront ensuite mis en vente par le patron. Naturellement, tout est contrôlé, pour veiller à ce que les membres de l’équipe ne détournent pas certaines de ces valeurs à leur profit : les seuls objets qu’ils ont le droit de s’approprier, ce sont des conserves, des produits d’entretien…
Un jour, l’équipe – Derrick, donc, Albert, Eugène, Mike, Maurice, renforcés ce jour-là par un petit nouveau, Ahmed -, se retrouve à intervenir chez une vieille dame, morte depuis 5 ans, ainsi que son fils handicapé dont elle s’occupait seule. On imagine l’état des corps et de l’ensemble de la propriété… Mais le lendemain, Ahmed ne revient pas travailler, et une bague de grande valeur a disparu.
C’est une déflagration, que chacun va vivre à sa façon… et dans ce premier tome, c’est le point de vue de Derrick que nous découvrons !
Avis
Visiblement, le scénariste et le dessinateur se sont bien trouvés : ils semblent tous les deux avoir un goût affirmé pour l’humour noir, le glauque, le crade, le bizarre. Visuellement, cela donne un résultat sombre, avec des verts et des ocres qui évoquent bien l’ambiance mortuaire, et dont le côté « crasseux » est assumé, et même revendiqué (le terme est utilisé par les auteurs pour expliquer leur démarche dans le cahier graphique qui clôture l’album).
Derrick, le narrateur de ce premier tome, n’en peut plus de sa vie. Ni son travail, ni sa vie familiale, avec une femme qui ne semble plus l’intéresser et qui ne s’intéresse plus à lui, ne semblent lui offrir ce qu’il attend. Son seul moment de répit, c’est le soir, après la journée de travail et avant de rentrer chez lui, lorsqu’il va au bar avec les collègues, pour « oublier dans la bière et le décolleté de Fanette » (p. 52).
Décomposition, pourriture, effondrement, dégradation : ce sont les maîtres-mots de cette histoire dans laquelle la mort est partout… avec son cortège d’insectes !
Et pourtant… bien que l’on soit en présence d’une sacrée équipe que les auteurs qualifient eux-mêmes de dégénérés, eh bien on a envie d’en savoir davantage sur chacun. De trouver la petite étincelle qui les rend humains. Dans ce premier tome, on en apprend beaucoup sur Derrick, un peu sur Albert – qui semble pratiquement désocialisé et s’accroche aux carnets et aux cartes postales d’une jeune fille morte dont ils ont eu à s’occuper -. Mais on sait peu de choses des quatre autres.
Alors, évidemment, on ne peut pas dire que l’on s’attache à ces personnages – il ne faut pas exagérer -, mais ce premier tome pose un décor et met en évidence quelques questions dont on attend les réponses. Qui est Ahmed ? Que va devenir la bague ? Et puis je rajoute une question : la série compte 6 tomes, mais 7 personnages. Chaque tome est consacré à l’un d’entre eux, dans l’ordre Derrick, Maurice, Ahmed, Albert, Fanette et Eugène. Pourquoi n’y a-t-il pas de tome consacré à Mike ?
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.


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