Chronique de La Vie têtue, de Juliette Rousseau.
« Tout s’annulait lorsque tu éclatais de rire. Ton rire remontait de loin, d’avant les blessures. C’était un rire d’enfant qui peut tout, et que rien n’arrête. Ton rire, c’était la générosité. »
Juliette Rousseau, La Vie têtue, Éditions Cambourakis, 2023, p. 63.
Motivations initiales
En ce moment, je suis dans une phase – sans le vouloir – de lectures très féminines… Bref, ce petit livre m’a intrigué et je voulais voir ce qui se cachait derrière…
Synopsis
Ayant perdu sa sœur des suites d’une maladie, la narratrice décide de lui écrire en relatant tous leurs souvenirs d’enfance. Au fil du récit, les souvenirs mettent en lumière la violence de la part des hommes, le diktat de notre société, et surtout une relation complexe au corps.
Avis
La vie têtue est, sans nul doute, le plus beau texte que j’ai pu lire sur le deuil. Les mots de Juliette Rousseau ont résonné en moi, ils m’ont rappelé une personne que la vie m’a arraché bien trop vite et à qui je pense chaque jour… Une multitude de questions envahissent la narratrice au fil des pages, des questions qui font écho à ce que je me dis souvent, « et si tu étais là, comment aurais-tu apprivoisé la vie ».
Ici, le lecteur n’est pas épargné par la brutalité des thèmes abordés sans détour par l’auteure : la maladie, la mort, l’absence, la culpabilité de vivre… Lire ce court essai équivaut à ressentir une tempête d’émotions qui vous laissera un peu sur le flanc si comme moi vous êtes sensible !
Et puis, il y a l’évocation de cette relation au corps qui pour beaucoup d’entre nous – peut-être même, pour nous tous – est complexe et également, pour les femmes, à cet utérus dont certaines sociétés semblent vouloir s’emparer, imposant comme norme l’enfantement. Assigner aux femmes d’abord le rôle de mère, c’est en effet prendre en partie le contrôle de leur corps.
Mais ce livre n’est pas que cela. Il nous propose aussi une histoire de femmes et de générations féminines, de la grand-mère à sa petite fille, on explore le spectre des relations filiales parfois extrêmement tumultueuses.
J’ai pleuré, j’ai énormément pleuré car ça prend aux tripes mais cette histoire ce n’est pas uniquement un cri de douleur c’est aussi – et surtout – une ode à la vie qui continue, encore et encore, malgré les épreuves.
C’est doux, puissant, tendre, rempli de colère et d’amour. Bref, ouvrir ce livre c’est être capable de se mettre à nu(e) sans avoir peur d’être parcouru(e) de mille et une émotions.
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

