Chronique de Le Château des soupirs – T. 1 L’Oiseleuse de la reine, de Isabelle Duquesnoy.
« Naturellement, je devais bénir cette chance de pénétrer le monde fermé de l’aristocratie, mais j’étais d’autant plus incapable de me départir d’une sorte de gaucherie, m’empêchant de me sentir l’égale de cette amie. »
Isabelle Duquesnoy, Le Château des soupirs – T. 1 L’Oiseleuse de la reine, Verso, 2024, p. 290.
Motivations initiales
Isabelle Duquesnoy, quelle grande dame ! Une auteure que je suis avec passion depuis son premier ouvrage et qui ne me déçoit jamais, alors cette nouveauté, je me devais de ne pas la laisser attendre au fond de ma PAL !
Synopsis
1786. Liselotte vient de perdre ses parents, lorsqu’en plus son frère lui apprend qu’ils sont ruinés. Deux « choix » s’offrent alors à elle, soit elle épouse un vieux baron, soit elle finit dans un bordel.
Elle choisit l’option du mariage, et Liselotte devient baronne de Beaupré. Mais sa vie ne ressemble pas à ce qu’elle avait imaginé. Son mari, un vieillard lubrique, est complétement amouraché de son énorme perroquet, Lara.
Malheur ou chance, Liselotte se retrouve rapidement veuve, mais, à nouveau, sans le sou. Ne lui reste, pour ainsi dire, que les oiseaux de son collectionneur de mari. Redoublant d’ingéniosité, elle devient une des fournisseuses de la Reine Marie-Antoinette, celle-ci s’étant entichée des plumes portées par Sophie d’Aubigny, une amie de Liselotte.
Mais la Révolution gronde et le paradis bâti par Liselotte pourrait bien être menacé…
Avis
Isabelle Duquesnoy nous ouvre en grand les portes de la résidence de la baronne de Beaupré. Pour cette saga, l’auteure nous plonge en plein règne de Louis XVI et de son épouse, celle que le peuple surnomme l’Autrichienne. Une saga qui sent bon l’exotisme, notamment grâce aux plumes vertes, rouges ou bleues qui ornent les volatiles que le baron Casimir de Beaupré adulait bien davantage qu’il n’appréciait son épouse.
Avec son style inimitable qui, je le concède, me rappelle parfois un peu Jean Teulé, l’auteure amène son lectorat à en découvrir plus sur la difficulté d’être une femme sous l’Ancien Régime. La rengaine est de l’ordre de « sois belle, sois capable d’apprendre les bonnes manières et de briller en société tout en restant à ta place et surtout sois apte à enfanter, de préférence des mâles ». Liselotte, on le découvre au fil des pages, est l’une des victimes de ce système, elle n’est pas considérée par son mari et d’ailleurs elle n’est qu’une chose fragile, futile et avec une faible intelligence.
Mais Isabelle Duquesnoy ne s’arrête pas là : pour ce premier tome, elle a convoqué de nombreux personnages haut en couleur, chacun ayant un trait particulier et une identité propre dont on ne peut que se délecter. Personnellement, j’ai adoré la cuisinière, Thérèse – je vous laisse découvrir pourquoi…
Et puis l’on prend une belle leçon sur les volatiles au passage, même s’ils me font toujours autant peur – et peut-être même encore bien plus – après ma lecture ! Cet oiseau qui était le préféré du baron de Beaupré est un personnage à lui tout seul !
C’est hilarant au point d’en avoir mal aux zygomatiques. C’est prenant et l’on se retrouve à tourner les pages avec frénésie. Et cela constitue une belle fresque du XVIIIe siècle.
Encore une fois, l’auteure a su me convaincre, et je n’ai désormais plus qu’une envie : avoir dès maintenant le second tome entre les mains… A n’en pas douter, Isabelle Duquesnoy est au sommet de son art !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site Place des libraires.


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