Chronique de Alpinistes de Mao, de Cédric Gras.
« Au bout d’un quart d’heure, ils entament leur descente. Voilà ce qu’est l’alpinisme. La cime n’est jamais qu’un éclair au milieu de semaines de souffrance, un aboutissement où se concluent généralement les récits, éludant pourtant une retraite calomnieuse. Un enfer sur lequel jamais personne ne s’étend. »
Cédric Gras, Alpinistes de Mao, Éditions Points, 2023, p. 155.
Motivations initiales
Il y a des périodes de la vie où vous êtes en plein changements, bouleversements… Je crois que je traverse actuellement une de ces périodes, en commençant à me dire que ce que j’aime le plus, ce sont les grands espaces qui permettent de se dépasser, vous l’aurez compris, je suis dans une période montagne !
Synopsis
Cédric Gras nous propose une enquête sur la naissance de l’alpinisme chinois. En s’appuyant sur la géopolitique et la géographie physique, il retrace la conquête du toit du monde par les pionniers de l’alpinisme chinois, totalement soumis au culte Grand Timonier.
Avis
Vous me pardonnerez, mais j’ai commencé les choses à l’envers… Cédric Gras a livré une enquête sur les alpinistes de Staline pour commencer, mais ça, je n’en savais rien… C’est de la faute de mon libraire, qui a mis en avant cet ouvrage sur les alpinistes de Mao et, allez savoir pourquoi, le retour qu’il m’en a fait m’a totalement a été suffisamment convaincant pour que je décide de lire ce livre.
Cédric Gras a bien du mérite d’offrir au public un si bel ouvrage car, il le dit lui-même, « impossible d’avoir accès aux archives et d’ailleurs on ne sait même pas si elles existent ! » Véritable travail de fourmi, il a réussi à reconstituer le parcours des alpinistes de Mao partant à la conquête du toit du monde, l’Everest.
Récit d’une épopée totalement ubuesque voire inconsciente car ici, on le voit bien, les chinois choisis par le Parti sont, à l’origine, tout sauf des habitués de la montagne. Rendez-vous compte : certains d’entre eux n’avaient jamais vu de la neige avant de s’embarquer dans cette aventure ; d’autres viennent gravir les sommets en petites chaussures d’été. On sent bien que cette conquête du toit du monde est, d’abord et avant tout, un moyen de propagande au service du Grand Bond en avant et de la conquête forcée du Tibet, en même temps qu’un marqueur géostratégique pour souligner le fait que ces hautes cimes sont chinoises et non russes ou bien encore européennes.
D’ailleurs, à l’occasion de ces ascensions, on ne sait pas totalement ce qui est vrai et ce qui est faux mais on comprend une chose : l’important, la seule chose qui compte véritablement, c’est de ne jamais trahir le Parti. Incohérences, absence de toute photographie prise sur le toit du monde, le buste de Mao, censé avoir été posé au sommet, jamais retrouvé… Bref tant de zones d’ombres planent dans cet ouvrage qu’on en reste bouche bée !
Certains ressortirons de leur lecture frustrés car ils n’auront pas eu les réponses attendues, pour ma part, j’ai lu cela comme un roman d’aventure – et croyez-moi, ça s’y prête ! C’est un pan de l’histoire méconnue que Cedric Gras met en avant et cette histoire vaut vraiment le détour, ouvrez donc ce livre !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

