Chronique de Patronyme, de Vanessa Springora.
« Ce moment m’émeut malgré moi. Sans ce coup de foudre, sans cette détermination de ma grand-mère à braver le danger et le qu’en-dira-t-on, ni mon père ni moi n’aurions vu le jour. Je viens de là moi aussi, de cette audace suicidaire. De cet amour plus fort que la raison. Plus fort que la morale. »
Vanessa Springora, Patronyme, Grasset, 2025, p. 259.
Motivations initiales
J’avais découvert la plume de Vanessa Springora en lisant son terrible récit, Le consentement.
Synopsis
Vanessa apprend le décès de son père alors qu’elle est dans un taxi, en route pour une émission de télévision à laquelle elle est invitée dans le cadre de la promotion de son premier livre, Le consentement. Alors qu’elle avait très peu de contacts avec celui-ci, cette disparition suscite chez elle l’envie de découvrir qui il était vraiment. Mythomane, colérique, capricieux, il savait aussi se montrer sous son meilleur jour lorsqu’il était entouré de gens extérieurs à son cercle familial.
Elle s’engage alors dans des recherches sur lui et sur son grand-père. Elle s’intéresse à leur nom de famille et va découvrir les zones d’ombre et les mystères qui gravitent autour de ses origines.
Avis
Patronyme est un écrit extrêmement personnel, à mon sens plus que ne l’était le précédent ouvrage de l’auteure, sur une histoire largement médiatisée que beaucoup d’entre nous connaissions déjà.
Patronyme c’est à la fois une quête et une introspection. Une quête pour comprendre d’où vient ce nom, Springora, et introspection sur la façon dont elle s’est construite malgré une vie familiale extrêmement complexe.
Ce livre bouscule son lecteur autant qu’il a dû bousculer l’auteure, qui fait resurgir des fantômes du passé… Nazisme, déportation, mensonges, elle se livre ici à un exercice d’enquête qui souligne un véritable devoir de mémoire tout en écornant celle d’une partie de sa famille. C’est poignant, brillant et cette enquête se lit parfois comme un polar historique.
Ce roman est également révélateur, révélateur du poids des non-dits dans une famille et des dégâts que cela peut faire. La preuve, le père de Vanessa Springora a dû se laisser un peu couler quand il a eu connaissance de quelques inexactitudes sur leur histoire familiale.
Vanessa Springora nous offre ici des pages pleines de doutes, de poésie, de noirceur, de philosophie et le tout avec un brin d’humour. Ce qui est appréciable, c’est qu’elle essaye de comprendre, de dénouer les fils de son histoire, sans chercher à s’excuser.
Un récit bouleversant, d’une grande honnêteté.
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.


Très réussi en effet et courageux de la part de cette écrivaine éditrice! Merci pour ce beau retour 📚
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Merci de nous lire avec fidélité !
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