Historiques, Roman graphique

Lebensborn

Chronique de Lebensborn, d’Isabelle Maroger.

« Début 1944, plusieurs filles de notre entourage, dont Gerda et moi-même, étaient dans la même situation : On avait toutes… Des bébés dans nos ventres… Suite d’une amourette ou pas d’ailleurs… Quand les hommes sont saouls, ce sont les femmes qui trinquent. »

Isabelle Maroger, Lebensborn, Bayard, collection graphique, 2024, p. 104.

Motivations initiales

Ce roman graphique m’intrigue depuis quelques semaines… Alors quoi de mieux qu’un moment off pour se lancer dans cette fresque familiale qui aborde un moment tragique de l’histoire du XXe siècle ?

Synopsis

Durant la seconde guerre mondiale, les Nazis n’ont pas hésité à élaborer une stratégie de remplacement pour pallier la perte des hommes sur les fronts. Le programme Lebensborn vise à accroître le taux de natalité de Reich, peu importe les méthodes. Les femmes, du moment qu’elles sont robustes et de race pure, mariées ou non, doivent engendrer autant d’enfants blonds que possible, pour repeupler le sol nazi. Cette directive ne concerne d’ailleurs pas que l’Allemagne, mais également certains des pays conquis par les nazis, dont la Norvège. 

Isabelle Maroger revient ici sur un moment délicat de son histoire familiale, elle couche sur le papier, à l’aide de ses crayons, l’histoire de sa mère née en 1944 en Norvège et adoptée en 1946 par un couple français.

Avis 

Isabelle Maroger se met à nu et l’on se doute que ça ne doit pas être si facile d’exposer son histoire aux yeux de tous. Il ne s’agit pas non plus d’une lecture facile, mais ce roman graphique permet de faire en sorte de rappeler – ou de faire découvrir – ce que certain(e)s ont subi sous la dictature nazie et les questions que cela peut faire ressurgir sur les générations suivantes. Ce roman graphique est un devoir de mémoire autant qu’une ode à l’amour. 

Lebensborn, c’est une quête, une quête de sa véritable identité et de ses racines. De sa jeunesse, la mère de l’autrice sait qu’elle a été adoptée peu après l’armistice et la fin du conflit et qu’elle est originaire de Norvège. Page après page, on comprend que l’on va lever le voile sur le passé familiale de la mère d’Isabelle Maroger tout en informant le lecteur sur la cruauté du programme Lebensborn lancé par les nazis. 

Isabelle Maroger n’épargne pas son lectorat, elle est totalement transparente sur ce qu’une telle révélation peut engendrer dans une famille : de la joie, des pleurs, de l’incompréhension et surtout une phase de reconstruction. Mais en tournant les pages, on comprend également que l’amour est le socle permanent et immuable sur lequel repose cette famille, et ça, c’est tellement beau !

Pas question de honte, pas non plus question d’utiliser du pathos, ce roman graphique est d’une immense honnêteté et d’une justesse incroyable. Il se vit autant qu’il se lit et il vous submergera d’émotions et nous rappellera à tous que l’on descend tous d’une femme et que sans elles, le monde tournerait peut-être encore moins bien… 

Touchant, captivant, à lire et à mettre entre de nombreuses mains pour ne jamais oublier, pour que le racisme primaire recule enfin dans nos sociétés. Une bien belle leçon de vie, bravo Madame Maroger !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

4 réflexions au sujet de “Lebensborn”

  1. J’ai pas mal entendu parler de ces histoires tragiques de repeuplement pendant la seconde guerre mondiale. Cette lecture m’intrigue, je tenterais peut-être si je la croise à la médiathèque 🙂

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