Drame, Historiques, Roman

La Pouponnière d’Himmler

Chronique de La Pouponnière d’Himmler, de Caroline de Mulder.

« Sa voix se fissure : « Chères mères, vos enfants me consolent de nos jeunes hommes qui meurent au champ d’honneur, loin de chez eux, pour le Reich. Nos fils du meilleur sang se sacrifient. » Le visage d’Helga se froisse douloureusement. »

Caroline de Mulder, La Pouponnière d’Himmler, Éditions Gallimard, 2024, p. 54.

Motivations initiales

Ce roman est dans ma PAL depuis sa sortie… Comme à mon habitude, des livres rejoignent ma PAL et y restent en sommeil pour une longue voire très longue durée… Mais allez savoir pourquoi, en ce moment, j’aime beaucoup aller y piocher de possibles trésors ! 

Synopsis

1944. Heim Hochland, Bavière. Dans cette maternité nazie, tout est fait pour obtenir un sang pur. Les mères sont dorlotées et scrupuleusement surveillées par l’équipe médicale. Himmler vient de temps à autre inspecter ses maternités, il est même le parrain des enfants nés le même jour que lui. Tout est bien rodé pour que les mères ne se rendent pas compte qu’elles ne sont que des ventres pour le régime en place. Dans ce qui ressemble à un havre de paix, beaucoup de femmes ignorent la cruauté du lieu : si l’enfant n’est pas conforme aux critères du régime alors il disparaitra… 

L’organisation des Lebensborn se retrouve pourtant bousculée par l’approche des troupes ennemis. Que vont devenir ces femmes et ces enfants ?

Avis 

Ce programme Lebensborn visait à développer la race aryenne et à former les futurs seigneurs de guerre du Reich. Ces gynécées patronnés par Himmler sont l’un des reflets de la folie de ce régime. Caroline de Mulder nous livre ici une plongée dans cet univers aux côtés des femmes. Elle relate une bien triste réalité historique, sans tenter de ménager son lectorat. 

Ce roman a une particularité, il nous plonge au cœur de ces maternités du point de vue des femmes et c’est tellement rare qu’il faut le souligner. D’habitude, je ne suis pas adepte des romans chorales, qui, bien souvent, me lassent et m’égarent. Mais ici, Caroline de Mulder nous présente la destinée de trois femmes qu’on ne peut pas oublier et qui nous marqueront. Que dire de cette jeune française, reniée par sa famille, humiliée par ses concitoyens pour avoir cru aux belles paroles d’un jeune soldat allemand ? Enceinte, Renée a été obligée de fuir son pays en emportant sa honte et son amour pour un soldat désormais aux abonnés absents. Et puis, il y a cette jeune mère dont l’enfant ne répond pas aux critères nazis, on se doute de la suite mais on n’ose y croire… Enfin, il y a cette infirmière en chef, fière d’exercer son métier dans un si bel endroit et qui adhère aux idéaux nazis mais jusqu’où ira son adhésion ?

L’auteure évite les faux pas en relatant soigneusement les faits, en mettant en évidence une déshumanisation lente mais évidente et enfin la perte de l’individu qui est là pour servir la masse et ne plus se soucier de ses propres envies. C’est poignant et également très visuel, notamment grâce à la plume sobre et totalement maitrisée de l’auteure. 

Une histoire au féminin qui comme moi – je l’espère – vous triturera les tripes. À lire, absolument.

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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