Chronique de Les Chevaliers du Tintamarre, de Raphaël Bardas.
« Là où le cadet était vif, large de torse et doté d’une épaisse chevelure brune, le baron, lui, était mou, maigre de jambes, gros de cul et de ventre, et ses cheveux blond pisseux formaient une pantoufle à l’arrière de son crâne. Le père avait de plus l’oeil vitreux et rougi de ceux qui abusent des herbes à respirer et autres inhalations récréatives. Rodrigue devait sans nul doute tenir de sa mère. »
Raphaël Bardas, Les Chevaliers du Tintamarre, Les Éditions Mnémos, 2020, p. 90.
Motivations initiales
Une cover qui claque, un résumé attractif… parfois il n’en faut pas davantage pour qu’un livre se retrouve dans une PAL – ne parlons même pas de la nôtre, qui compte plusieurs centaines de livres… Bref, nous avons été intrigués…
Synopsis
Silas, La Morue et Rossignol vivent à Morguepierre. Le premier, charcutier, se dit boucher, parce que cela lui semble plus viril et aventureux que de fabriquer de la charcuterie. Le deuxième est poissonnier, même s’il est baraqué comme un lutteur… une activité à laquelle il ne rechigne pas. Le dernier, enfin, est accordéoniste et poète. À leurs heures perdues – et ils semblent en avoir régulièrement – ils se retrouvent dans leur taverne favorite, le Grand Tintamarre, ainsi rebaptisé après que La Morue y ait déclenché une émeute…
La ville devient subitement le théâtre d’événements fâcheux : de jeunes orphelines sont enlevées, des marie-morganes mortes s’échouent sur les plages, un curieux spadassinge surgit de nulle part, un nain et un gargueulard hantent les lieux…
Le hasard place Silas, La Morue et Rossignol sur le chemin d’Auguste Fréjac, l’assistant du capitaine Johan Korn, qui les embauche pour mener l’enquête. Leur seule exigence : obtenir d’être faits chevaliers du Tintamarre…
Avis
Ce roman, le premier de l’auteur, est à mon sens imparfait mais très sympathique. Imparfait, parce que son intrigue reste un peu légère à mon goût – je préciserai par la suite – mais les personnages sont curieux et attachants. Ce livre à de petits airs de roman picaresque, et ce n’est probablement pas un hasard. Je n’imagine pas que l’on nous précise seulement par hasard que l’auteur a grandi près d’un moulin à vent ; je ne crois pas davantage que la dédicace – À Roxane – n’ait pas un petit rapport avec Cyrano. En tout cas, nos héros, qui rêvent de grandes aventures, ont la gouaille des quartiers populaires chevillée au corps. Et je me demande si je n’ai pas manqué d’autres clins d’œil…
Ce qui me fait dire que l’intrigue aurait mérité d’être davantage creusée, c’est qu’il n’y a pas réellement de moment où nos héros semblent avoir besoin de se creuser les méninges pour savoir où ils doivent aller pour poursuivre leur enquête. Cela donne précisément l’impression que ce n’est, justement, pas l’enquête qui intéresse l’auteur. On a plus l’impression d’un jeu de piste avec des indices faciles à suivre qu’une investigation nécessitant de faire preuve de jugeote. Et, à l’inverse, sur certains éléments de la trame narrative, l’auteur passe très rapidement alors que le lien avec les épisodes précédents ne semble pas évident.
Je ne suis pas tellement fan non plus des déformations de mots – « spadassinge », « détectivre » pour désigner des détectives qui consomment une potion mystérieuse pour élargir leurs perceptions -.
Mais l’ensemble reste agréable à lire, et l’on perçoit le plaisir qu’a eu Raphaël Bardas à jouer avec ses personnages, les situations dans lesquelles il les a placés, et la façon de les raconter. C’est d’ailleurs la première fois que je lis un livre dans lequel l’auteur est parvenu à placer son propre nom de famille, ici employé au sens d’équipement, bagage…
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

