Chronique de Emprises, de Salvatore Minni.
« Elle se releva en s’agrippant à la rampe. Une violente douleur dans le bas du dos lui arracha un cri. Elle pensa à son enfant. Alors qu’elle s’attendait à voir apparaitre Frédéric, elle constata que la maison était vide. »
Salvatore Minni, Emprises, Les Presses de la Cité, 2025, p. 87.
Motivations initiales
J’ai découvert cet auteur grâce à Gérard Collard, le célèbre libraire de Saint-Maur ! Je n’ai pas pu résister à lire son nouvel ouvrage.
Synopsis
Au début, tout ressemble à un conte de fées : une rencontre passionnée, un mariage rapide, des promesses d’éternité. Mais derrière le sourire charmeur de Frédéric se cache une emprise insidieuse, un piège qui se referme lentement sur Catherine. Ce qui semblait être de l’amour devient peu à peu une prison invisible faite de violences psychologiques, d’isolement, puis de coups.
Et lorsque le confinement plonge le monde entier dans l’enfermement, pour Catherine, il devient un cauchemar à huis clos. Cloîtrée avec son bourreau, elle n’a plus le choix : affronter ses peurs, déterrer ses forces et trouver une issue. Coûte que coûte…
Avis
Avec Emprises, Salvatore Minni ne nous raconte pas seulement une histoire de couple qui tourne mal. Il nous plonge dans les entrailles de la manipulation, dans la spirale perverse d’une relation toxique où l’amour devient un instrument de contrôle, et les mots des armes. Ce roman, court mais dense, bouscule, dérange, secoue les certitudes. Il donne à voir l’invisible : ces violences conjugales qui ne laissent pas toujours de marques sur le corps, mais qui brisent de l’intérieur.
Catherine est une femme comme tant d’autres. En quête d’amour, de stabilité, de douceur. Et Frédéric, avec son aisance, son charisme et ses belles promesses, semble cocher toutes les cases. Mais très vite, le rêve vire au cauchemar. Les humiliations s’installent. Puis l’isolement, la peur, la violence physique. Et enfin… l’enfermement. Le vrai, celui du confinement, qui rend toute échappatoire impossible.
Salvatore Minni dresse un portrait terriblement juste et nuancé de cette descente aux enfers. Il n’en fait pas trop, ne cherche jamais le pathos facile, mais laisse parler les faits, les gestes, les silences glaçants. Il met des mots sur ce que tant de femmes vivent dans l’ombre, dans la honte, dans le doute.
Ce qui rend Emprises si fort, c’est aussi sa narration nerveuse, directe, quasi organique. On lit ce roman comme on retient son souffle. On assiste, impuissant, à l’effritement de Catherine, à sa peur, à sa solitude. Mais aussi – et c’est là toute la puissance du livre – à sa lente reconquête d’elle-même. Car au cœur de cette noirceur, il y a une lumière : celle du sursaut, de la résistance intérieure, du courage qu’on croyait perdu.
Petit bémol : la fin, peut-être trop rapide, presque abrupte, laisse un léger goût d’inachevé. On aurait aimé quelques pages de plus pour prolonger cette tension, pour donner à l’issue toute l’ampleur qu’elle mérite. Cela dit, cette fin brutale a aussi son efficacité : elle claque, elle tranche. Elle nous laisse sonnés.
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site lisez.com.

