Chronique de Châtiment, de Percival Everett.
« Il est mort , dit Jetty. Bien sûr, il était mort aussi les deux dernières fois que je l’ai vu. Il va rester mort combien de temps, cette fois, à votre avis ? »
Percival Everett, Châtiment, Babel Noir, 2025, p. 130.
Motivations initiales
J’ai toujours eu un faible pour les publications de Babel, et notamment de Babel Noir. Alors quand l’un d’entre eux a été finaliste du prix Pulitzer, et qu’il est d’un auteur que je n’ai jamais eu l’occasion de lire, tous les voyants sont au vert… Alors si, en plus, le résumé en 4e de couv est particulièrement stimulant…
Synopsis
À Money, dans le Mississipi, plusieurs meurtres sont commis. À chaque fois, les victimes sont des hommes blancs, que l’on retrouve étranglés avec du fil de fer barbelé, et castrés. Mais ces crimes présentent un autre point commun : dans la même pièce, on retrouve également le cadavre d’un homme noir, qui, à chaque fois, tient dans sa main les testicules des victimes blanches… et qui a la fâcheuse habitude de disparaître avant que le légiste ait le temps de l’examiner sérieusement !
Très vite, le MBI (Mississipi Bureau of Investigation) intervient, au grand dam du sheriff et du maire de la ville. En plus, ce sont deux policiers noirs qui sont envoyés… sachant que Money, comme beaucoup de villes dans cet État, a longtemps été et est encore un bastion du Ku-Klux-Klan. Il apparaît rapidement, au cours de l’enquête, que les deux premières victimes, sont les descendants des meurtriers d’Emmett Till, en 1955, à Money.
Parviendront-ils à tirer cette affaire au clair ?
Avis
Ce livre est particulièrement intrigant, à la fois du fait des personnages que nous présente Percival Everett, mais également du scénario qui se déploie sous nos yeux.
L’histoire, initialement, ressemble à une intrigue classique, partant d’un meurtre à l’occasion duquel une victime blanche sévèrement mutilée est retrouvée à côté d’un homme noir, mort également. Les premières constatations donnent à penser qu’ils pourraient s’être battus, mais, tout aussi rapidement, des incohérences apparaissent. En revanche, ce qui disparaît, c’est ce deuxième cadavre, provoquant la stupeur et l’incompréhension du shériff et de ses adjoints.
Lorsque le cadavre refait surface sur une deuxième scène de crime, le jour même où deux enquêteurs du MBI arrivent en ville, les policiers locaux sont rassurés : ils ne vont pas être pris pour des toquards par les nouveaux arrivants. Mais le cadavre disparaît une deuxième fois !
Grâce à la serveuse du diner – genre de restaurant à l’américaine, entre snack et routier -, les hommes du MBI font la connaissance de Mama Z, une vieille femme de couleur qui, depuis que son propre père a été lynché, bien des années plus tôt, a constitué des dossiers sur toutes les victimes de violence noires-américaines.
Le cadavre de l’homme noir, finalement, se révèle ressembler très fortement à Emmett Till, mais il présente surtout la spécificité d’avoir été récupéré par une entreprise de Chicago, Acme, fournisseur… de cadavres, aux laboratoires, aux écoles de médecine. Or un chargement, un plein camion de cadavres, a disparu !
Et puis voilà que, dans de nombreux États américains, des hommes blancs sont exécutés, égorgé, décapités, et sont retrouvés à proximité d’un autre cadavre, noir, mais parfois aussi asiatique. Comme de mauvais copy-cat.
Et…
Et rien, en fait, parce que ce qui était censé être une enquête tourne à… eh bien en fait à rien de très identifiable. On comprend bien que Mama Z et sa petite-fille, la serveuse, sont à l’origine du mouvement, mais on n’a à aucun moment l’explication de ce qui s’est réellement passé. Et on ne sait rien de la horde de cadavres – zombies qui se déplace de ville en ville.
Et j’ai refermé le livre en me disant « Tout ça pour ça ? Ou alors je n’ai rien compris ? »
Si certains de vous l’ont lu et ont compris quelque chose, n’hésitez pas, éclairez ma lanterne en commentaire. J’ai déjà lu des livres que je trouvais mauvais, qui ne m’intéressaient pas. Mais un livre qui me laisse autant en attente d’une fin, je crois que cela ne m’étais jamais arrivé.
La seule explication que je parviens à imaginer, c’est que ce roman a été conçu comme une fable, ou plutôt une farce, autour de cette Amérique profonde qui a fait de Trump son champion. Mais ce n’est clairement pas un livre pour moi…
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

