Fable, Fantastiques

L’Orage qui vient

Chronique de L’Orage qui vient, de Louise Mey.

« Mila se souvient de la nuit où elle a trouvé les fillettes. Elles étaient loin dans la forêt, beaucoup trop loin. Il y a les enfants qui se perdent et puis il y a ceux dont on s’assure qu’ils sont perdus. »

Louise Mey, L’Orage qui vient, Pocket, 2025, p. 47.

Motivations initiales

Un rayon dans une librairie. Une cover noire et rouge qui attire le regard. Une quatrième de couverture qui « vend » le récit d’un village peuplé essentiellement de femmes et d’enfants, depuis que la folie des hommes a provoqué l’effondrement du « monde d’Avant ». Allons donc voir de qui il retourne…

Synopsis

Le Hameau est un village isolé, protégé par le secret afin de se protéger des contacts indésirables. La vie est faite de solidarité, de travail et de tranquillité… lorsqu’il y a des travaux importants à effectuer, c’est tou(te)s ensemble que l’on s’y met. Et chacun, avec ses moyens, avec ce qu’il sait faire le mieux, participe à la bonne marche de l’ensemble.

C’est là que Mila vit avec sa mère. Mila, qui « sent » les choses. Qui, aussi, est l’une des plus grandes des enfants du village. Mila que certaines craignent un peu.

Quand un homme arrive au hameau avec une recommandation du grand-père de Mila, chacun(e) hésite. Faut-il l’accueillir ou, au contraire, faut-il lui refuser l’accès ? Est-il de bonne foi, ou, au contraire, cherche-t-il simplement à entrer dans les bonnes grâces pour essayer de profiter de ce que le village n’est, semble-t-il, pas sérieusement protégé – et comment pourrait-il être protégé, puisqu’il n’est habité que par des femmes ?

Avis

Louise Mey, l’auteure de ce livre, avait plutôt écrit des thrillers jusque-là ; ce livre-ci est sa première incursion dans le monde des littératures de l’imaginaire. Et c’est une première plutôt encourageante, très clairement.

Ce récit est une sorte de fable éco-féministe, qui soulève plusieurs questions intéressantes. Comme, par exemple, la question de savoir si le fait de s’isoler, de se couper « des hommes » est un ressort efficace. Visiblement, la communauté du Hameau ne le croit pas elle-même : elles savent, toutes, que leur survie tient, jusque-là, de cet isolement, mais qu’il n’est obligatoirement que provisoire.

En poussant même plus loin, on observe, au fil du livre, que cet isolement contient en lui-même des facteurs qui contribuent à empêcher sa continuation. Bon, ce roman n’est pas un essai, il n’est donc pas problématique que certains aspects soient laissés dans l’ombre. Mais il est évident que la séparation n’est pas une solution viable : au Hameau, un certain nombre d’hommes sont ou ont été acceptés, maris ou fils. Mais rien ne démontre que, parce qu’il a été élevé par des femmes, il ne peut pas y avoir, parmi les enfants, un garçon qui pourrait développer des penchants toxiques. De plus, le livre montre que, face à la rareté des hommes qui viennent, certaines réagissent en laissant tomber leurs barrières.

Intéressant également, on pourrait imaginer qu’une société vivant ainsi dans une sorte d’autarcie bienveillante ne serait pas confrontée à la crainte de « l’autre ». Or, on comprend assez rapidement que Mila n’est pas exactement comme les autres… et cela contribue à ce que le regard de certaines des villageoises soit un peu… dubitatif, ou inquiet.

Bref, ce livre nous propose une petite histoire qui semble simple, mais qui soulève en réalité, pour peu que vous en ayez envie, des questions de fond. Alors, viendrez-vous faire un tour au Hameau, si vous y êtes convié(e)s ?

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site lisez.com.

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