Chronique de Quand vient la Horde, d’Aurélie Luong.
« Il détestait la violence. Il l’avait tellement subie, que ce soit par « les honnêtes gens » que par les descentes régulières de brigands, il l’avait tellement observée, des rues sombres d’Hewa aux portes closes du voisinage, qu’il avait fait le choix de suivre une autre voie. Celle-ci l’avait souvent mené à baisser la tête. À serrer les poings et à décevoir Saejin. Mais savoir qu’il restait fidèle à son idéal, qu’il ne reproduisait pas les comportements qu’il détestait, l’avait toujours aidé à tenir. »
Aurélie Luong, Quand vient la Horde, Folio, 2024, p. 113.
Motivations initiales
Je n’en ai plus la certitude, mais il me semble bien que c’est tout simplement la cover qui m’a fait de l’œil, alors j’ai lu le résumé en 4e de couverture. Et hop, le livre s’est retrouvé dans ma PAL…
Synopsis
Ivan est orphelin, fils adoptif d’un lettré qui n’a jamais su – ou ne lui a jamais dit – qui était son père. Il prépare les concours administratifs, qui devraient lui permettre de ne plus tirer le diable par la queue, et de pouvoir enfin épouser Saejin, sa voisine, avec qui ils ont des projets d’avenir depuis qu’ils sont enfants.
Comme tous les habitants du lieu, il a entendu parler de la Horde Blanche, une troupe mercenaire féroce, conduite par la Putain Blanche, souvent dépeinte comme une démone aux yeux rouges. Mais ce qu’il ignore, c’est que la Horde Blanche s’intéresse à lui… au point de s’emparer de lui !
Naturellement, pour que la compagnie ait entendu parler de lui, il faut qu’il y ait une bonne raison. Qui est-il, alors ? Quels sont les fils du complot tissés autour de lui ? Et, surtout, comment lui, l’idéaliste, peut-il apprendre à dénouer cet écheveau ? Saura-t-il survivre sans trahir ses convictions et ses valeurs ? Sera-t-il capable, dans cet océan de mensonges, faire confiance aux bonnes personnes ?
Avis
L’autrice revendique d’avoir construit cette histoire à l’occasion d’un séjour en Corée et d’un voyage au Turkménistan, posant le cadre d’un univers inspiré de l’Asie médiévale. Cela donne une couleur originale et, il faut le dire, assez « exotique » à ce roman.
Ivan, le héros malgré lui de cette histoire, se retrouve confronté à une violence à laquelle il n’est pas préparé. Saejin, sa fiancée, lui reproche d’ailleurs de ne pas mieux les défendre… mais ce n’est pas pour rien qu’il souhaite devenir magistrat : il rêve de changer les lois pour qu’il y ait plus de justice… on comprend aisément que rien ne l’a habitué à répondre à la brutalité par la brutalité ! Saura-t-il démasquer les mensonges, les désirs de vengeance, pour éviter le pire. Ou, au contraire, sera-t-il finalement lui même la victime des non-dits et des intrigues ?
Même si certains des ressorts utilisés par l’autrice sont classiques, cela fonctionne bien. L’ensemble donne une lecture très fluide, sachant que les personnages sont attachants – enfin, sauf ceux qui sont détestables, évidemment.
La façon dont Ivan se voit contraint à se débattre dans un véritable conflit moral, entre ses idéaux et la réalité à laquelle il se retrouve confronté fait de ce livre une quête initiatique puissante, mais sombre.
Mention spéciale pour la Putain Blanche, alias Yekatelina. Ça c’est un personnage féminin puissant. Bon, elle fait oublier toutes les niaiseries sur la douceur des femmes. Mais, évoluant dans un monde bien machiste – toutes les batailles, et pas seulement les batailles, se concluent avec un viol (au moins), me semble-t-il -, il faut au moins cela… Mais je ne veux as trop en dire, ce serait dommage de trop en révéler.
Bref, si vous avez envie d’une histoire bien noire, avec un jeune un peu naïf qui découvre la vie, avec Quand vient la Horde, vous tenez quelque chose…
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.
Ô grimoire ! 