Policiers, Thrillers

Au commencement

Chronique de Au commencement, d’Ivan Zinberg.

« C’était un scooter sombre. Je ne sais pas de quelle couleur. Il s’est arrêté et le conducteur a regardé autour de lui. Puis il s’est remis à rouler jusqu’à Magali. Il a calé le scooter sur sa béquille et Magali s’est rapprochée. Ils ont parlé. Je me suis dit qu’ils allaient s’éloigner pour faire leur truc derrière les arbres. Comme d’habitude, quoi. Je regardais ailleurs quand j’ai entendu un bruit. Ça ressemblait à un claquement. Je me suis retournée et j’ai vu que le type lui tirait dessus. »

Ivan Zinberg, Au commencement, HarperCollins Noir, 2023, p. 64.

Motivations initiales

J’avais lu et apprécié Matière noire, le roman le plus connu de l’auteur – qui est aussi capitaine de police, dans un service qui travaille sur les mouvances radicales et les violences urbaines. Du coup, nous avons offert ce nouvel opus à mes parents, et ils me l’ont prêté par la suite… Bonne occasion de continuer à découvrir l’œuvre de cet auteur !

Synopsis

Région parisienne, 2022. Entre-deux-tours de l’élection présidentielle, avec toutes les tensions et les outrances que cela suscite.

Dans le 93, un dealer, un gitan, une prostituée et un chômeur sont abattus, froidement, par un tueur qui agit seul, sur un scooter. Le mode opératoire, qui a permis de regrouper les quatre affaires, n’st pas sans rappeler celui d’un autre meurtrier célèbre, Mohamed Merah.

L’enquête est confiée au groupe du commandant Delmas, alors que celui-ci est un peu sous pression. En effet, son groupe est considéré par certains comme dysfonctionnel – il est accusé de laxisme -, et son nouveau chef, le commissaire Julien Martial, semble décidé à le serrer de près…

Avis

D’abord, il y a la traque du tueur au scooter, qui nous tient en haleine pendant pratiquement toute la durée du livre, et elle est diablement efficace. On sent qu’Ivan Zinberg connaît l’institution et la façon dont une enquête se déroule. Ça, c’est la part d’action, et, quand je dis que c’est efficace, on tourne les pages pour savoir s’ils vont parvenir à retrouver le criminel avant qu’il n’ait fait de nouvelles victimes.

Mais cette partie de l’histoire se double d’une deuxième dimension, au moins aussi intéressante, qui nous propose d’observer tous ces policiers dans leurs difficultés, leurs contradictions, leurs fragilités. Le commissaire, qui vient d’être nommé, est soumis à une très forte pression de la part à la fois de sa hiérarchie, mais également de la sphère politique, qui préfèrerait que l’affaire ne fasse pas trop de vagues. Le commandant Delmas, lui aussi, est soumis à une forte tension, son management trop laxiste, ou considéré comme tel, étant questionné. Tout le groupe, enfin, doit composer avec les aléas de la vie, entre celle qui attend la retraite, le couple qui attend un enfant…

Bref, des personnes normales, soumises à un niveau de stress qui, lui, est tout sauf normal. Que peut-il alors en sortir ?

Cette dimension plus psychologique apporte un intéressant contrepoint à la traque. Et permet à l’auteur d’explorer une autre dimension du métier de policier, soumis à toutes les tensions de la société.

Surtout lorsque, finalement, il devient évident que les premiers meurtres ne sont que les premières pièces d’un puzzle plus large, avec un objectif bien différent. C’est l’occasion de faire encore monter le stress sur toute la chaîne de commandement. Tout est alors en place pour que les choses soient hors de contrôle…

Bref, c’est efficace, ça fonctionne bien, et on reste haletant au moment du dénouement. Exactement ce que l’on attend d’un bon thriller ! Alors, si vous ne connaissez pas encore Ivan Zinberg, direction votre librairie préférée !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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