Policiers, Roman noir

Le Diable en personne

Chronique de Le Diable en personne, de Peter Farris.

« Puis, tel un jeune diplômé réfléchissant aux perspectives d’emploi, Mexico trouva sa vraie vocation dans la vie.

La prostitution.

Il avait une haine profonde des femmes, mais développa un talent pour cerner les ados, surtout les filles. Elles étaient attirées par son physique plaisant et son côté voyou outrancier, ses muscles, un regard qui aurait suffi à enflammer une allumette. Mexico connaissait leurs faiblesses et prenait un malin plaisir à briser ses victimes. »

Peter Farris, Le Diable en personne, Éditions Gallmeister, 2019, p. 47.

Motivations initiales

Lorsque, pendant Quais du polar, nous avons repéré cet auteur avec, devant lui, plusieurs livres publiés chez Gallmeister, c’était l’occasion d’en savoir davantage sur lui, et, peut-être, de découvrir ses écrits. Un échange en anglais, très sympa – comme souvent à Quais du polar -, et nous sommes repartis avec ce livre, Le Diable en personne.

Synopsis

Maya a 18 ans, tout juste. Mais elle n’est pas une jeune fille comme les autres. Prise dans les filets d’un réseau de prostitution, elle est le jouet des hommes, qui profitent d’elle et de sa beauté. Cela lui vaut les faveurs du Maire, qui est accro d’elle, même si c’est pour abuser d’elle avec violence. Mais il lui livre également des secrets… ce qui fait d’elle une proie.

Elle échappe de peu à un assassinat orchestré par les hommes de main du réseau. Dans la Géorgie profonde, elle échappe aux tueurs, aux alligators, et trouve refuge chez Léonard Moye, un drôle de vieux bonhomme qui n’hésite pas à tuer ceux qui viennent l’ennuyer sur ses terres. Léonard vit dans le passé, avec un mannequin qui incarne sa femme, morte des années plus tôt, explique-t-il à Maya.

Dans cette campagne brute et brutale, ces deux êtres blessés peuvent-ils trouver le chemin d’une improbable rédemption, ou vont-ils, au contraire, s’enfoncer et se tirer vers le bas ? Maya et Léonard, avec leurs secrets, leurs blessures et leurs colères, trouveront-ils un chemin ?

Avis

Dès le début de ce livre, on est projetés dans une réalité glauque, celle d’un réseau de prostitution dans lequel des filles à peine majeures… et souvent pas du tout majeures… sont livrées à la concupiscence d’hommes qui, parce qu’ils payent, se croient autorisés à toutes les brutalités. Et, comble de l’injustice, Maya, qui n’a rien demandé, se retrouve condamnée parce que le Maire a trop parlé. Il la brutalise – ce qu’il apprécie le plus, c’est d’embrasser une jeune fille, puis de lui enfoncer la tête sous l’eau -, puis il parle trop. Mais c’est elle qui doit payer.

Finalement, ayant échappé aux alligators et aux serpents à sonnettes – décidément, le sud de la Géorgie semble un coin bien agréable pour les promeneurs -, Maya échoue chez Léonard. Un original, c’est le moins que l’on puisse dire, lui qui vit loin de tous, qui, après avoir trafiqué de l’alcool une bonne partie de sa vie, vit retiré sur ses terres, comme un ermite.

Ce dernier, ayant chassé (je ne vous dirai pas si c’est à prendre au sens littéral) les deux hommes qui étaient chargés de tuer Maya avant d’abandonner son corps dans un étang, sait déjà qu’il y aura une deuxième salve. Peut-il réellement protéger la jeune fille ?

Dans ce roman, il y a toute cette Amérique du sud, longtemps esclavagiste et ségrégationniste, écrasée de chaleur, rurale, brutale, qui semble ne supporter que ceux qui ont eu la chance de tirer les bonnes cartes. Le Maire, qui dispose du pouvoir politique, et Mexico, qui dirige son réseau de prostitution d’une main de fer, semblent indéboulonnables. Et puis, ce Léonard, qu’attend-il exactement de Maya, elle qui ne connait qu’une seule façon de remercier les hommes ?

Peut-il rester une étincelle de justice, de candeur, de douceur, dans ce monde, pour une Maya ? Pour répondre à cette question, Peter Farris nous livre ces pages brûlantes, ardentes, enflammées. Mais, après tout, le feu n’est-il pas un moyen de purifier le monde ?

Alors, oserez-vous vous plonger dans la noirceur, pour tenter de retrouver la lumière ?

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

Laisser un commentaire