Policiers, Science-fiction, Sciences & techniques, Thrillers

Alienés

Chronique de Alienés, de Fabrice Papillon.

« Après ces longues années à traîner dans les quartiers auprès des anciens, Tahiri était devenu l’un des derniers titis parisiens ; le digne héritier de Michel Audiard et des Tontons flingueurs. À trente-cinq ans, avec son mètre soixante-cinq et son physique sécot, il n’avait vraiment pas la gueule de l’emploi. Et pourtant… »

Fabrice Papillon, Alienés, Éditions Points, 2024, p. 81.

Motivations initiales

En préparation de notre classique déplacement lyonnais pour Quais du polar, nous avions postulé pour participer aux rencontres organisées par les Éditions Points. Et l’un de nous avait été retenu. Pour préparer la rencontre, nous avons reçu le livre de l’auteur, Fabrice Papillon, paru chez Points cette année. Occasion de le découvrir. Et puis… et puis tout a dérapé. Annulation du déplacement et donc de la participation à la rencontre. Pas de Quais du polar pour nous cette année. Soit. Mais livre lu, donc chronique…

Synopsis

Simultanément, ou presque, deux hommes meurent, éventrés. L’un est un biologiste américain, venu mourir au pied d’un rocher dans une mystérieuse galerie souterraine de Lyon. Le second est un astronaute, en mission dans la station spatiale internationale, en orbite à 400 kms de la terre.

Louise Vernay, commandant de police, s’est fait tordre le bras par son chef, qui connait ses capacités, et veut la voir promue commissaire. Elle suit donc les cours… mais, ce matin, alors qu’elle est déjà en retard après une nuit difficile, elle récupère l’enquête sur le premier cadavre… qui va l’emmener au-delà de ce qu’elle croyait possible, aux confins de l’atmosphère terrestre et de la science. Pendant ce temps, dans la station orbitale, la paranoïa marque des points.

Les deux morts sont-elles reliées ? Et, dans l’affirmative, qui est derrière ces meurtres ? Les Russes ? Les Américains ? Ou des aliens… comme l’absence d’accent dans le titre du livre le laisse envisager ?

Avis

L’auteur est journaliste et documentariste, habitué des ouvrages de vulgarisation scientifique. Dans ce troisième roman, il nous invite à un ballet tourbillonnant qui nous emmène de l’espace aux commandes d’un F-16 américain, des laboratoires P4 – que le virus du covid-19 ont placé sous les feux des projecteurs – aux mystérieuses galeries lyonnaises – connues sous le nom des « arêtes de poisson », dont l’origine et la destination est encore l’objet de supputations et d’hypothèses non confirmées. Il nous bouscule également dans nos convictions, autant scientifiques que religieuses. Bref, il se joue de nous avec, visiblement, un plaisir palpable.

Ce qui est intéressant, et habile, c’est que par différents aspects ce livre pourrait être un terrifiant brûlot complotiste. Mais il évite, à mon sens,  cet écueil – je ne veux pas en dire trop pour ne pas spoiler, je ne vais donc pas développer ce point de vue. Mais je le pose néanmoins ici.

Le personnage de Louise est intéressant, parce qu’il soulève plein de question, dans ses cassures. Pourquoi ne veut-elle pas progresser dans la hiérarchie, alors qu’elle semble en avoir les capacités ? Pourquoi a-t-elle sombré dans l’alcool et la dépendance au cannabis ? Pourquoi est-elle en permanence sur le fil du rasoir, au bord du gouffre ?

Par moment, on se demande comment l’auteur va procéder pour redonner sens à toute cette histoire. Et puis, d’un brutal retournement de situation, nous voilà à nouveau projetés dans quelque chose qui ressemble à une forme de normalité. Une normalité très relative quand vous venez de vous prendre 5 ou 6 G avant de vous poser en catastrophe sur le tarmac d’un navire de sa Gracieuse Majesté britannique… mais bon.

Mais ce qui est peut-être le plus puissant dans ce livre, tout en étant « tout bête » – et là non plus, même si je le déplore, je ne vais pas pouvoir détailler -, c’est le tableau d’ensemble que trace au final ce livre. Tout est très simple. Terriblement, affreusement simple. Et c’est peut-être cela, le plus effrayant…

Alors, êtes-vous prêt, vous aussi, à prendre le risque d’accompagner Louise dans le tourbillon qui l’attend ici ? Oui ? Alors, prenez un kir de survie, du matériel solide, mais, surtout, vérifiez que vous avez le cœur bien accroché !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

Laisser un commentaire