Chronique de Le Philatéliste, de Nicolas Feuz.
« Dans son esprit, les images défilaient : le sang qui coulait du casier, l’estomac dans le colis, le timbre en peau humaine, et maintenant, ce fœtus quasiment intact qui était passé d’un sac amniotique à une poche de nourriture à moitié digérée. »
Nicolas Feuz, Le Philatéliste, Éditions Rosie & Wolfe, 2023, p. 103.
Motivations initiales
Nicolas Feuz, nous le suivons maintenant depuis plusieurs années, probablement 2018, alors qu’il publiait chez Slatkine & Cie, avec qui nous étions alors en lien, et nous l’avons rencontré à plusieurs reprises, notamment à Quais du Polar. La sortie de ce nouveau livre était une nouvelle occasion de se plonger dans son univers… noir !
Synopsis
Sur fond de restructuration des services de police genevois – après que les services du contrôle interne aient mis fin à diverses « pratiques inadéquates », ce qui s’est traduit par des mises à pied, des mises au placard et des mises sur la touche -, Ana Bartomeu, inspectrice à la police judiciaire, se retrouve à devoir se charger d’une nouvelle affaire. Pourtant, il est prévu qu’elle se fasse opérer du cœur deux jours plus tard, mais les sous-effectifs sont tels qu’il n’y a pas le choix…
Tout commence – du moins d’un strict point de vue policier – par la découverte, à la Poste de Genève, d’un colis d’où suinte une substance rougeâtre qui s’avère effectivement être du sang. Dans le colis, un estomac, humain. Et dans l’estomac, un fœtus. Humain également. Et, sur le colis lui-même, un timbre… en peau humaine ! La peau a été découpée alors que celui sur lequel on l’a prélevée était encore vivant, puis a été imprimé avec une imprimante laser professionnelle.
Et rapidement, il apparait que ce n’est pas un colis, mais plusieurs, avec les mêmes timbres en peau humaines, mais vides, qui sont retrouvés, comme dans un gigantesque jeu de piste. Pour remonter la piste du tueur, il va sans doute falloir plonger dans le passé…
Avis
Nicolas Feuz a choisi, pour ce livre, de tresser entre eux plusieurs fils qui sont autant de parties de la trame de cette histoire. On sait donc assez rapidement ce qui se passe, quelles sont les motivations profondes du meurtrier. La seule chose – évidemment ! – que le lecteur ne sait pas, c’est comment ces fils vont finalement s’assembler.
Et vous pouvez compter sur le goût de Nicolas Feuz pour nous embrouiller – vous noterez que je n’ai pas parlé de sa perversité… mais l’idée y est, j’avoue ! – pour que rien ne soit évident. Et pourtant, quand, dans les dernières pages, il finit par nous livrer toutes les pièces, vous vous doutez bien que tout tombe juste.
Toujours en y prenant un malin plaisir, l’auteur fait également intervenir plusieurs personnages de sa série consacrée au procureur Jemsen, à commencer par Jemsen lui-même, qui fait un featuring. C’est toujours agréable de retrouver quelques points fixes !
L’histoire est bien gore, solide, et on se doute rapidement que l’épilogue ne sera pas en mode « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Les fausses pistes sont bien dissimulées, au point qu’au milieu du livre, j’ai cru un temps avoir identifié le coupable, mais progressivement, le fil devenant de plus en plus blanc, il est devenu évident qu’il s’agissait d’un piège…
Bref, je n’en dirai pas davantage pour éviter de spoiler… Mais si vous êtes amateur de Nicolas Feuz et, plus largement, de polar, que vous n’avez pas encore ce livre à portée de main, un petit tour dans votre librairie préférée s’impose !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

