« Tuez-les, mais tuez-les tous ! Qu’il n’en reste pas un seul pour venir un jour me le reprocher. »
Richard Guérineau, Jean Teulé, Charly 9, Delcourt, p. 16, 2013.
Motivations initiales
J’ai reçu la bd en cadeau à Noël.
Synopsis
Charles IX, qui, dans la bd est appelé Charly 9, accède au trône à la mort de son frère ainé, François II. Lui qui ne voulait pas régner et aurait volontiers passé son tour devient roi de France, alors que la France est partagée entre catholicisme et protestantisme, et marquée par une forte agitation religieuse. Deux clans se dessinent à la cour comme dans le pays, le clan des « ultras » – les catholiques, derrière la puissante famille de Guise – et les protestants – avec l’amiral de Coligny que Charles IX considère comme son père -.
La reine-mère – Catherine de Médicis, autoritaire et légèrement castratrice – et les ministres du roi demandent et obtiennent que Charles IX signe l’ordre de capturer et de mettre à mort quelques 200 nobles huguenots. Un brin simplet, terrorisé de voir sa « mamma » repartir en Italie, ne mesurant probablement pas totalement l’ampleur de l’ordre qu’il donne, le gentil Charles IX obéit !
Des cadavres jonchent le sol de la ville, la Seine est rouge sang, les huguenots – ou dénoncés comme tels – pendus ne se comptent plus… Au-delà des 200 nobles huguenots initialement visés, bien d’autres sont massacrés, car la population de Paris donne libre cours à sa sauvagerie !
Charles IX, a posteriori, considère qu’il a commis une irréparable et impardonnable erreur. Déjà de santé fragile, il commence à avoir des hallucinations et sa santé mentale vacille… Il organise des chasses à l’intérieur du Louvre, crache des noyaux de cerises à la tête d’un nonce du pape… Il en vient à transpirer du sang – peut-être une maladie de peau -, ce qu’il interprète comme un châtiment divin.
Avis
> L’avis de C
Après la lecture du roman de Jean Teulé, que j’avais, comme nombre de romans de Teulé, adoré, j’ai attaqué cet album avec confiance.
Mais mon avis est nettement plus nuancé… Certes, l’alliance entre Jean Teulé, qui n’hésite par à enrober son histoire de différentes rumeurs et Richard Guérineau, dont les dessins retranscrivent l’humour et l’exagération est subtile. L’ensemble donne un album abouti, qui offre un bon moment de lecture.
Cependant, léger bémol : le style des dessins est un peu lassant au fur et à mesure que les pages se tournent : très hauts en couleur – on est à la limite du carnaval, par moment -, les personnages s’avèrent assez peu reconnaissables, à l’image de la « putain » du royaume, Henri III, fardé à souhait et vêtu de façon féminine. Un album c’est bien mais je n’en lirai pas de ce genre tous les jours !
> L’avis de T
Je n’ai pas – encore – lu le livre de Jean Teulé, j’ai donc attaqué la BD de façon assez neutre, mais avec un a priori favorable, parce que je suis en général assez sensible à sa façon un décalée d’aborder les choses. Et, dans un premier temps, on retrouve bien cela dans cet album : l’outrance du dessin fait visiblement référence à l’outrance du texte initial.
Mais… mais il y a une différence entre le texte et le dessin. C’est évident, probablement, mais ce qui, dans l’écriture de Jean Teulé (je pense par exemple à la façon dont il rédige Le Montespan) est subtil devient, souligné sans nuance par le dessin, plus outrancier que subtil. Ce qui peut être évoqué dans le texte se trouve ici appuyé à gros traits.
Bref, pour moi, c’est trop. Pas assez nuancé, pas assez de finesse. Pas assez de recul pris sur le texte. Plutôt que de renforcer la qualité du texte de Teulé, le fait de l’avoir mis en dessin de cette façon l’alourdit. Dommage.