Chronique de Le soldat désaccordé, de Gilles Marchand.
« La guerre, quand tu y as goûté, elle est dans ton corps, sous ta peau. Tu peux vomir, tu peux te gratter tout ce que tu veux, jusqu’au sang, elle ne partira jamais. Elle est en toi. Alors j’y retournais. Ça sentait encore la cendre et la poudre. Les croix s’étendaient à l’infini. Et j’enquêtais, inlassablement. Durant toutes les années 1920 et une bonne partie des années 1930, j’ai fait ce drôle de boulot d’enquêteur. »
Gilles Marchand, Le soldat désaccordé, Le Livre de poche, 2024, p. 15.
Motivations initiales
Je déteste céder à la mode, je déteste me précipiter sur un livre qui rencontre un certain succès sur la toile, je déteste les gens qui insistent encore et encore pour que tu lises un livre… Alors forcément, vu le succès rencontré par ce roman, je n’ai pas cédé et j’ai décidé de passer mon chemin. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, alors j’ai fini par profiter de sa sortie en poche pour commencer à le lire.
Synopsis
La Première Guerre Mondiale vient de s’achever. Les familles cherchent leurs morts et les soldats qui rentrent du front tentent de retrouver une place dans la société. Pour survivre dans ce monde d’après, un ancien combattant devient enquêteur privé. Il se met au service de différentes familles qui recherchent un disparu.
Sa nouvelle enquête l’embarque dans une quête pour retrouver Emile Joplain dont la mère est persuadée qu’il est vivant. Mais à remuer le passé, de terribles vérités vont exploser et mener l’enquêteur jusqu’au fin fond de l’Alsace et peut-être même en dehors de la France…
Avis
Gilles Marchand nous montre bien que la littérature de guerre est loin d’être morte et qu’elle n’a pas finit de séduire le lectorat. Gilles Marchand nous entraine au cœur des tranchées, dans la boue, le froid, avec les rats et les poux, entre Ardennes et Meuse. Bien que ce roman soit une fiction, on ressent les recherches effectuées en amont par l’auteur sur les histoires authentiques des Poilus amnésiques et sur le retour à la vie civile.
Lorsque l’on tourne les pages, on valse au rythme de l’amour mais également à de la cruauté. Cette histoire est extrêmement poétique, elle brasse une multitude de destins plus ou moins brisés par la Grande Guerre, de la fille alsacienne à la bonne famille française en passant par les gueules cassées et les épouses éplorées.
Dès les premiers chapitres, le lecteur est aspiré dans l’histoire et endosse lui aussi le costume de l’enquêteur. On tente de tirer nos propres hypothèses, de résoudre cette enquête, en espérant voir cette histoire d’amour trouver une fin heureuse.
Tout est parfait dans ce petit ouvrage, l’écriture qui prend à la gorge, les personnages que l’on admire ou que l’on déteste et cette poésie que l’on ressent en permanence en tournant les pages. Ce roman est profondément bouleversant, c’est indescriptible ce que j’ai ressenti, je sais juste que cette lecture est l’une des plus belles de ma vie.
Gilles Marchand nous livre un récit écrit avec le sang des soldats de la Première Guerre mondiale mais également avec les torrents de larmes que des mères, des épouses et des sœurs ont pu verser. Bref, une lecture que je ne peux que vous recommander !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

