Biographies & autobiographies, Roman

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent

Chronique de Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, de Maria Larrea.

« J’ai toujours aimé les chiens. Je sais maintenant que je suis comme eux, je suis une chienne. Ma meute m’a abandonnée et l’on m’a sevrée. J’ai lapé l’eau fraîche et mangé la pâtée. J’ai aboyé et j’ai pleuré de peur que l’on me laisse à nouveau. J’ai été nerveuse quand mes maîtres faisaient leurs valises et j’ai fait la fête quand ils rentraient à la maison. J’ai couru derrière eux et j’ai sauté sur leurs genoux. J’ai dormi à leurs pieds. J’ai cherché les caresses et les friandises. »

Maria Larrea, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, Le Livre de Poche, 2024, p. 183.

Motivations initiales 

On m’a offert ce livre en me disant « je pense que ça va te plaire ! » et je dois vous avouer qu’à la lecture de la quatrième de couverture, j’ai pris ce roman pour un petit roman de gare… Grossière erreur ! 

Synopsis

Espagne, 1943. Une prostituée donne naissance à un petit garçon qu’elle confie immédiatement aux Jésuites et, dans le même temps, en Galicie, une femme abandonne sa petite fille dans un orphelinat. Les deux enfants, Julian et Victoria, vont être liés dans une vie pleine de noirceur, de violence et de pauvreté. Tout deux ignorent beaucoup de choses de leur enfance et les secrets finiront par éclater. Les mensonges des parents peuvent parfois briser les enfants…

Avis 

Après la lecture de la quatrième de couverture, je me suis dit qu’il s’agissait encore d’un roman de gare qui allait se lire vite mais ne pas laisser un grand souvenir dans mon cœur. Quelle grossière erreur ! 

Dès les premières pages, on comprend que trois destins – Maria et ses parents – vont s’entrelacer, autour de la racine commune de leurs origines et de la naissance. Une fois le cadre posé, on est totalement aspiré par le récit et le réalisme de certaines scènes – je pense notamment à la scène d’ouverture, durant laquelle une femme de pêcheur bat un poulpe pour l’attendrir, ressent les premières douleurs de l’enfantement, poursuit sa tâche malgré les contractions et accouche sur la table de cuisine, aidée par une voisine. Bien que le récit oscille entre réalité et fiction, il a un goût de vérité et aborde une multitude de thèmes qui saisissent les tripes du lecteur : violence conjugale, place de la femme dans les années allant de 1945 à 1970, la dureté de la vie en Espagne sous Franco et enfin l’importance de savoir d’où l’on vient. 

La force de ce roman réside – me semble-t-il – dans l’humour que l’auteure dissémine à l’aide de ses mots et qui vous arrachent un sourire malgré le fait que cette histoire est bouleversante. Une chose est sûre : les larmes bordent vite le coin de vos yeux et finissent inéluctablement par couler tellement cette histoire est poignante. 

J’ai ri, j’ai pleuré, j’ai appris énormément, j’ai ressenti de la révolte. Ce récit vise et atteint le cœur par la dureté de cette histoire familiale. Petit par son nombre de pages mais d’une intensité incroyable, ce roman est l’une de mes plus belle lecture de l’année 2024. Merci pour ce délicieux moment Madame Larrea.

Update (pour les parisiens) : ce récit est désormais également un « seul en scène » au Théâtre Marigny, porté par Bérénice Béjo.

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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