Chronique de Avec la permission de Gandhi, d’Abir Mukherjee.
« La cause du chaos dans les rues apparaît bientôt. Au milieu d’Esplanade Row, deux douzaines d’hommes environ portant calot et pagne blanc sont assis sur la chaussée, crient des slogans et agitent des pancartes réclamant la libération des prisonniers politiques, l’autodétermination de l’Inde et, pour faire bonne mesure, la restauration du sultan de Turquie en tant que défenseur des lieux saints de l’islam. Les revendications habituelles. »
Abir Mukherjee, Avec la permission de Gandhi, Folio, 2023, p. 47.
Motivations initiales
Abit Mukherjee est passé maître dans l’art de mêler la petite et la grande histoire, en partant du principe (si souvent éprouvé) que les périodes de chaos sont propices aux trafics et aux intrigues. Avec les enquêtes menées par le capitaine Sam Wyndham, secondé par le sergent Sat Banerjee, c’est l’Inde impériale au temps des soubresauts qui, plus de vingt ans plus tard, la mèneront à l’indépendance qui nous est présentée, alors que Gandhi commence à faire parler de lui…
Synopsis
Calcutta, en 1921, est agitée par de nombreux mouvements de contestation : grèves, manifestations, blocage de rues… C’est dans ce contexte que le prince de Galles, héritier de la Couronne, annonce sa visite prochaine. Mais la première préoccupation de Sam Wyndham est déjà de mettre hors d’état de nuire le criminel qui sème derrière lui un, puis deux, puis trois cadavres, énucléés et la poitrine transpercée de plusieurs coups de couteau.
Quel est donc le lien entre un employé d’hôpital d’origine indienne, une infirmière originaire de Goa et un scientifique britannique ? C’est ce que Sam va devoir comprendre pour tenter d’éviter que le pire ne se produise…
Avis
Dans cette troisième enquête de Sam Wyndham (les chroniques des deux premiers épisodes sont ici et là), les tensions montent. En Inde, sous l’impulsion de Gandhi, qui parvient à mettre en application sa théorie de l’opposition non-violente, représenté, à Calcutta, par Chitta-Ranjan Das. Mais également pour Sam Wyndham, qui peine chaque jour davantage à garder le contrôle sur son addiction à l’opium, et qui est déchiré par son amour – unilatéral – pour Annie.
Sat Banerjee, lui non plus, n’est pas épargné par les déchirures intimes : son métier, qu’il adore, fait de lui, aux yeux de sa famille et de la plupart des indiens, un traître. Das est un ami de la famille, sa femme est comme une tante aux yeux de Sat… et pourtant, il doit tenter de les convaincre de renoncer à leurs activités séditieuses…
L’enquête elle-même souligne tous les paradoxes du pays. En effet, Sam et sat semblent, à chaque occasion, se heurter à la section H, chargée du renseignement. Que savent ces derniers que nos deux limiers ignorent ?
Tout le talent d’Abir Mukherjee est de nous embarquer dans cette Inde poisseuse, déchirée, à fleur de peau. Le danger, pourtant, ne vient pas forcément de ceux que l’on croit. Et les motivations des uns peuvent se heurter à des obstacles inattendus…
Pour en savoir plus
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