Récit historique, Roman

Que s’obscurcissent le soleil et la lumière

Chronique de Que s’obscurcissent le soleil et la lumière, de Frédéric Paulin.

« Trois mille cinq cents flics sont en alerte à Paris. La capitale est sous surveillance. Les Français retiennent leur souffle.

Des flics sur les trottoirs, des flics dans des voitures de patrouille, devant les administrations, devant les grands magasins. Des flics qui se font voir. »

Frédéric Paulin, Que s’obscurcissent le soleil et la lumière, Agullo Éditions, 2025, p. 91.

Motivations initiales

Les Éditions Agullo nous ont fait la joie de nous adresser ce troisième et dernier tome de la « trilogie libanaise » de Frédéric Paulin, qui retrace les quinze années de guerre qui ont déchiré le Liban entre 1975 et 1989. Une tragédie, au sens propre du terme, dont les acteurs sont, pour certains, encore vivants, ou l’étaient au moment où l’auteur écrivait…

Aujourd’hui, ce livre arrive en librairie. Devez-vous vous précipiter pour vous le procurer ? Réponse dans quelques lignes !

Synopsis

Ce troisième tome s’ouvre sur l’attentat de la rue de Rennes, le 17 septembre 1986, qui clôt la vague d’attentats qui, à six reprises en ce mois de septembre, a ébranlé la France. Jacques Chirac, depuis mars, dirige l’action du gouvernement, dans le cadre de la cohabitation qui marque la fin du premier mandat de François Mitterrand. Les deux hommes sont prêts à tout pour arriver en position de force lors de la prochaine élection présidentielle, désormais dans quelques mois.

Les attentats – que le gouvernement a choisi d’imputer au clan Abdallah, même si tout semble indiquer que les responsabilités seraient plutôt à chercher du côté de l’Iran -, les otages français au Liban, les revendications indépendantistes des kanaks : tout est l’occasion de tendre des pièges à l’autre camp ! Et il ne faut pas oublier non plus Action directe, dont les leaders, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani, sont en fuite, mais continuent à perpétrer des attentats, comme le 17 novembre, où ils assassinent Georges Besse, le PDG de Renault.

Mais la guerre, c’est au Liban qu’elle se déroule. Pendant que les membres du parquet antiterroriste et la police, Nicolas Caillaux en tête, tentent de faire avancer les enquêtes dans l’Hexagone, Philippe Kellermann, Michel Nada, Christian Dixneuf tentent de négocier, alors que Jean-Charles Marchiani, proche de Charles Pasqua, pilote auprès du ministre de l’Intérieur une cellule qui vise à obtenir la libération des otages. L’objectif est simple : obtenir des belles images au profit de Chirac, dans la perspective des élections…

À tous les étages, intrigues, complots, manœuvres souterraines sont d’actualité. Quitte à laisser certains sur le bord du chemin…

Avis

Magistral ! J’avais indiqué, dans la chronique du deuxième tome, que Frédéric Paulin était à son meilleur. Eh bien, il maintient brillamment le niveau, pour conclure en beauté cette somme.

On a pris l’habitude de suivre, avec intérêt, curiosité, affection, nos personnages, qu’ils soient aux prises avec la grande Histoire, ou qu’ils se débattent dans les affres de leurs vies personnelles. Car, et c’est l’une des grandes forces de cette trilogie, Frédéric Paulin parvient à tisser, entremêler, les fils. Ce qui est amusant, c’est que, pour certains personnages, on sait que ce sont les « vrais », et que l’auteur fait autant œuvre d’historien que de romancier. Mais, pour les autres, on hésite : s’agit-il de personnages totalement inventés pour les besoins de l’histoire ? S’agit-il de personnages « adaptés » de la réalité, dont Frédéric Paulin aurait trouvé le modèle dans sa documentation ? En tout cas, tout est parfaitement crédible, et le fait qu’on ne sache pas toujours distinguer ce qui est romancé de ce qui est historiquement établi montre à quel point l’auteur est parvenu à une « fusion » parfaite !

Dans ce troisième tome, plusieurs de nos personnages se retrouvent au bord de l’abime. Je ne spoilerai rien, afin de vous laisser découvrir qui tombe et qui parvient à se rattraper.

Et je ne pourrais pas finir cette chronique sans partager avec vous la toute fin du livre (qui ne vous gâchera pas la lecture, du moins je le crois, mais qui pourrait vous donner envie de vous procurer ce livre) :

« Ô mon frère, ô mon ami, ô mon voisin, ô mon hôte, demande-toi si cette guerre finit un jour. Et ose accepter qu’elle ne finisse jamais, que dans trente ans les hommes y mourront toujours, les pères et les mères y perdront leurs fils et leurs filles, les enfants leurs pères et leurs mères, leurs frères et leurs sœurs. »

Je voulais cet extrait, parce qu’il dit mieux que tout le reste ce Liban qui, après avoir été considéré comme « la Suisse du Moyen-Orient », a, depuis 1975, connu une succession de crises, de conflits, de catastrophes qui semblent sans fin…

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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