« Je peux encore vous appeler mesdemoiselles, n’est-ce pas, car vous n’êtes pas mariées ! dit Serena dans le micro qu’elle tient à la main. Vous ne le serez qu’une fois arrivées sur le sol de Mars. C’est très romantique, de nos jours, l’attente. C’est très beau, de se faire la cour. Je suis sûre que vous allez inspirer des milliers de jeunes gens à travers le monde. »
Victor Dixen, Phobos, T.1, Robert Laffont, Collection R, 2015, p.49.
Motivations initiales
Ce livre était partout sur la toile, alors, lorsque nous avons croisé l’auteur aux Imaginales, c’était l’occasion de l’acheter… et de discuter quelques minutes avec l’auteur, qui avait accepté de dédicacer un autre livre, offert depuis en lot sur le compte Instagram. Encore merci à lui !
Synopsis
Dans une Amérique hyperlibérale, le président Green a vendu les plus grandes entreprises publiques, dont la Nasa, qui a été rachetée par Atlas, un fond d’investissement qui a décidé de reprendre le programme de conquête de Mars, mais en en faisant en même temps une immense émission de télé-réalité. Plutôt que d’envoyer des cosmonautes aguerris et entraînés, ce sont 6 jeunes garçons et 6 filles, entre 17 et 20 ans, qui vont être chargés de constituer, à l’arrivée sur Mars, 6 couples idéaux, pour coloniser Mars.
Tous les ressorts du jeu sont mobilisés : speed-dating en direct, appel aux dons des spectateurs, destinés à constituer pour chaque couple un « trousseau », qu’ils pourront employer pour s’équiper de quelques extras… Le fond d’investissement espère raisonnablement avoir rentabilisé l’ensemble du vol de quelques mois avant même l’arrivée de la station spatiale Cupido en orbite autour de Mars…
Mais il apparait rapidement que toute l’opération masque autre chose qu’un programme d’exploration spatiale !
Avis
> L’avis de C
Faisons simple : j’ai adoré ! Je ne sais pas comment le dire autrement, mais j’ai adhéré à tout, j’ai trouvé l’idée de ce show de télé-réalité dans l’espace réellement géniale, et, même si le premier tome met un petit peu de temps à démarrer, je n’ai pas lâché la série avant d’avoir fini les trois tomes. Alors même si je vais quand même mettre quelques bémols pour la forme, mon avis est clair : c’est très bien !
Puisque l’histoire se déroule dans l’espace, on ne m’en voudra pas, pour commencer, de faire une comparaison facile : Phobos est pour moi un livre ovni, presque extraterrestre… Le genre de livre qu’on ne peut lâcher car on en devient très vite accro. Comme le monde entier, dans le livre, qui a les yeux rivés en permanence sur la chaîne Phobos – jusque dans les amphis de l’université de Berkeley ! -, on est accro… Accro aux personnages et à leurs secrets – car on se doute que Victor Dixen ne nous dit pas tout dans le tome 1 -, on angoisse sur leur futur : une vie attend-elle vraiment les douze prétendants sur Mars ou seulement le néant ? Serena est-elle vraiment une « mère » pour ses petits protégés ou un monstre ? Pendant le dernier tiers de ce premier tome, on est en apnée, on attend tellement de savoir, de comprendre, d’avoir des réponses aux milliers de questions qui nous envahissent…
Lu, dévoré et adoré ! J’ai lu les trois premiers tomes en moins de trois jours et j’ai tellement hâte d’avoir le prochain entre mes mains !!!
L’écriture est simple, sans fioritures – à l’image de l’auteur : sympathique, prêt à répondre aux questions des fana de Phobos… -, mais les personnages sont bien travaillés, on les découvre – et on s’y attache – progressivement. Il est aussi agréable que les aspects scientifiques ne soient pas simplement éludés, mais au contraire explicités clairement. Bref, un livre et une série à découvrir, pour ceux qui ne l’ont pas encore lu ! Un conseil : précipitez vous dans la librairie du coin pour l’acheter et pour les lecteurs dont ce livre est dans votre PAL, ne le faites plus attendre !!!
> L’avis de T
L’idée de ce space-opera médiatico-scientifique est juste excellente ! Qu’une entreprise privée, ayant rachetée la Nasa, prenne l’initiative de monter un tel barnum est malheureusement tellement crédible, même si on y a encore échappé… Et que des intérêts financiers prennent le pas sur la science est malheureusement tout aussi crédible…
Chacun des 12 jeunes gens embarqués dans cette aventure dissimule un secret, plus ou moins lourd à porter, que l’on va découvrir au fur et à mesure de la progression de l’histoire, et, en particulier, à l’occasion des séances au Parloir. En effet, comme dans l’Île de la Tentation, garçons et filles sont séparés, et ne peuvent se découvrir que lors de speed-dating de 6 minutes seulement, organisés au rythme de un par jour. Naturellement, on l’imagine, c’est à l’heure de la plus grande écoute que se déroule ce temps fort de la journée !
Le seul petit bémol pour ce roman « young adult », c’est, justement, que c’est un roman young adult ! En effet, les sentiments et les intrigues semblent parfois un peu édulcorées. Comparées à un Koh Lanta, les relations humaines dans les deux groupes (on est avant la Réunification, qui n’aura lieu que sur Mars !) semblent très simples et apaisées. On aimerait que ces huis-clos soient un petit peu plus tendus ! De la même façon, on semble croire (dans ce premier tome, en tout cas) que l’amour est forcément au rendez-vous. Ici, on pourrait voir un parallèle avec un site de rencontre, où chacun fantasme l’autre, sans se confronter réellement à la réalité.
De la même façon, les histoires et les intrigues qui se déroulent en parallèle sur Terre paraissent aussi un peu simples dans ce premier tome. Même si l’objectif n’était pas d’écrire un thriller, elles auraient pu être amenées avec un petit peu plus de suspense.
Au moment d’écrire cet avis, je viens seulement de commencer le deuxième tome, je n’ai donc pas encore de visibilité sur la suite. Mais j’ai vraiment hâte de savoir comment va se dérouler l’arrivée sur Mars… Autant dire que ce premier opus est très efficace : il atteint parfaitement son but, on n’a pas envie d’abandonner Léonor, Marcus et Mozart…