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Labyrinthe

Le labyrinthe pose deux problèmes à ceux qui y sont confrontés, deux difficultés opposées, mais intimement liées : quand il s’agit d’y entrer, il est compliqué d’en trouver le centre ; et, lorsqu’il s’agit d’en sortir, il n’est pas aisé d’accéder à une issue.

Dans l’Antiquité, le labyrinthe le plus connu est naturellement celui de Minos, construit par Dédale (labyrinthe et dédale étant, de fait, quasiment synonymes). En effet, la mythologie grecque a fait une bonne place à l’histoire de Minos, demandant à Dédale de construire une prison pour le Minotaure, fruit des amours de la reine Pasiphaé et d’un taureau. Les amateurs se souviennent que c’est pour échapper à son propre piège que Dédale et son fils, Icare, se sont construits des ailes de cire pour sortir de ce fameux labyrinthe, provoquant la mort de ce dernier qui s’est écrasé dans la mer après avoir voulu trop s’approcher du soleil. Thésée, venu tuer le monstre, parvient à sortir du dédale grâce au fil qu’Ariane, la fille du roi, lui a remis.

Cette histoire a été écrite et réécrite à de multiples reprises, et par de nombreux auteurs : on peut citer Marguerite Yourcenar (Qui n’a pas son Minotaure ?), Jorge Luis Borges (La demeure d’Astérion), André Gide (Thésée)…

Pourtant, le labyrinthe grec n’est pas le premier, loin de là. On retrouve des représentations de labyrinthes dès le paléolithique, dont le plus ancien connu à ce jour gravé sur une défense de mammouth ! Au néolithique également, on trouve en de nombreux endroits du monde des représentations labyrinthiques.

Les plus anciens labyrinthes construits – et dont on ait connaissance – l’ont été en Égypte ancienne. L’un, dont les vestiges ont pu être observés dès les premières explorations du site par William Petrie en 1898, protégeait l’accès au temple funéraire de la pyramide de Hawara. Le second, qui n’a pas été retrouvé, aurait été construit pour le même pharaon, Amenehmat III, pour célébrer la mémoire des douze rois d’Égypte. Ces deux labyrinthes sont décrits par plusieurs auteurs grecs, et en particulier Strabon et Hérodote. Ils pourraient avoir inspiré Dédale pour la construction de son propre labyrinthe.

Et l’on retrouve cette figure du labyrinthe dans de très nombreuses civilisations : en Mésopotamie, en Scandinavie, en Chine, chez les Aborigènes d’Australie, chez les Mayas, dans diverses tribus indiennes (Hopis, Navajos…), chez les Zoulous ou les Touaregs…

Trouver le centre du labyrinthe, c’est réussir l’épreuve initiatique. Parfois employé comme moyen de défense d’une ville ou d’une maison, il symbolise aussi, symboliquement, une défense contre les influences maléfiques. Là où, dans le monde physique, il protège une ville, un tombeau ou un trésor, la religion en fait un moyen de défense contre les forces du mal.

Naturellement, le labyrinthe peut également être intérieur : il est alors également employé comme symbole de l’inconscient.

Le labyrinthe dans nos lectures

On pourrait presque dire que chaque livre est, en soi, un labyrinthe, dédale dans lequel le lecteur est invité à suivre le ou les héros de l’histoire, dans lequel une série d’indices et d’épreuves sont semés au fil des pages. À ce titre, il n’est pratiquement pas utile de choisir.

Mais certains sont plus explicites, et emploient directement l’image du labyrinthe. On peut citer Harry Potter, avec, dans le tome 1 (Harry Potter à l’école des sorciers), l’espèce de labyrinthe qui dissimulé sous la trappe, permet d’accéder, toutes les épreuves étant franchies, à la cachette de la pierre philosophale, et, dans le tome 4 (Harry Potter et la coupe de feu), l’épreuve finale du Tournoi des 3 sorciers, qui doit permettre au vainqueur d’accéder au trophée. Umberto Eco, pour sa part, décrit dans Le Nom de la Rose le labyrinthe que constitue la bibliothèque de l’abbaye.

On peut également penser au tome 4 de Percy Jackson, La bataille du labyrinthe, de Rick Riordan. Dans Le serment de Ji, également, cité précédemment dans l’article consacré à la figure de l’île, les héros doivent entrer et parcourir un labyrinthe pour remplir leur mission.

J’ai également retrouvé, en travaillant à cet article, un livre labyrinthique de Serge Brussolo, Trajets et itinéraires de l’oubli. Dans ce court roman (ou est-ce une longue nouvelle ?), Serge Brussolo nous invite à suivre Georges, qui parcourt les couloirs du Musée, un dédale duquel sa femme, partie 3 ans plus tôt pour en établir l’inventaire, n’est jamais ressortie.

James Dashner, dans le tome 1 de L’Épreuve (Le labyrinthe), décrit la quête d’un groupe de jeunes gens qui se retrouvent au cœur d’un labyrinthe. Ils ne le savent pas encore, mais ils ont été placés là pour tester leur capacités par des chercheurs, pour lutter contre une maladie. C’est également l’idée de la série 2%.

Dans Alice au pays des merveilles, Lewis Carroll nous donne également à voir un labyrinthe, qu’Alice doit traverser afin de rejoindre la Reine de cœur. De la même façon, Charles Perrault met également en scène, dans Le Petit Poucet, un labyrinthe. Même s’il ne s’agit que d’une forêt, le petit Poucet doit pourtant utiliser de petits cailloux comme un fil d’Ariane.

Tous ceux qui ont été frappés par le film Shining ont forcément en mémoire la scène qui se déroule dans le labyrinthe… mais elle n’existe pas, a priori, dans le livre de Stephen King (a priori, parce que pas lu !).

Dans L’honneur de Sartine, le 9e opus des aventures de Nicolas Le Floch, de Jean-François Parot, une partie de l’intrigue se déroule dans les Catacombes, qui forment un véritable dédale sous Paris. On retrouve également ce genre d’images dans Bone, de George Chesbro, précédemment signalé ici.

Il resterait sans doute d’innombrables livres à citer ici… mais n’hésitez pas à signaler vos propres souvenirs de lecture !

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